Eugénie Le Sommer, moins d’une semaine après l’obtention de cette septième Ligue des champions, avez-vous digéré?
Oui ça va, on a digéré. C’était difficile à réaliser au début, mais là on est déjà concentré sur le prochain match, avec la saison qui reprend. Pas trop le temps de profiter, il faut déjà switcher et se concentrer sur le championnat.
On digère plus facilement une septième Ligue des champions qu’une première?
Elles ont toutes une saveur particulière. Après, la septième, c’est quand même exceptionnel. L’avantage de la première est qu’on était en vacances quand même (rires). On digère forcément bien après une victoire et on mesure l’importance de cette septième Ligue des champions.
Vous en êtes à 26 trophées remportés avec l’OL en 10 ans, vous rendez-vous compte de la portée de cette performance?
Oui je me rends compte. Après, je pense que je visualiserai cela à l’issue de ma carrière. Là, je suis encore dans le présent, je suis consciente de cela, mais je ne le mesure peut-être pas totalement par rapport à une personne qui a terminé sa carrière il y a de nombreuses années.
Vous faites partie de la meilleure équipe d’Europe voire du monde, ça vous fait quelque chose?
Bien sûr, c’est une fierté de faire partie de ce club. Même si on n’a pas de Coupe du monde des clubs, on sait que la Ligue des champions compte beaucoup dans le foot féminin, donc oui c’est un privilège de faire partie de Lyon.
D’ailleurs, quand on fait partie de la meilleure équipe du monde, est-ce qu’on a envie de voir ailleurs, en Angleterre, en Espagne où le foot se développe? Est-ce que cela vous tente?
Je pense que n’importe qui se pose des questions sur son avenir car on ne signe par des CDI dans les clubs, le foot pro fait qu’on a des contrats de “courte durée”. J’ai toujours dit que j’aimerais vivre une expérience à l’étranger. Quand je vois les étrangères à Lyon, quand je les vois découvrir un autre football, une langue, une culture, c’est enrichissant. Après, je suis dans le meilleur club qui soit, donc c’est dur de faire un tel choix. Je ne sais pas de quoi mon avenir est fait et je ne me pose pas la question actuellement.
Avez-vous senti une nouvelle approche après l’arrivée de Jean-Luc Vasseur, habitué à entraîner des hommes?
Non, celui d’avant n’avait déjà jamais coaché de filles (ndlr: Reynald Pedros). Il y a une chose qui ne change pas quand c’est un homme qui est coach, il va dire “Allez les gars” au début (rires), car il a tellement répété cela et ça va prendre quelques jours pour changer. Après, dans l’approche, c’est la même chose. Dans les entraînements, il nous demande de bien comprendre la tactiques, les exercices, on parle le même football…Pour moi, ça n’a pas forcément changé les choses.
Vous replongez dans une nouvelle saison, sans repos. Est-ce bizarre d’enchaîner comme cela deux saisons?
Oui, c’est particulier, en effet. Cette année 2020 veut cela. D’habitude, après la Ligue des champions, on va se reposer. Mais on avait conscience de cela avec le Final 8. C’est à nous de se remettre dedans. On a été privées de football pendant plusieurs mois et je pense qu’aujourd’hui, il faut juste être contentes de pouvoir rejouer, même si c’est difficile de se remettre psychologiquement et physiquement. Je pense qu’on est capables de le faire et le foot me manquait tellement!
Une saison de D1 qui reprend ce week-end après 10 championnats gagnés par l’OL. La motivation est encore présente?
Evidemment, chaque année, on est chassées, on n’a pas le droit à l’erreur. Et puis il y a de la concurrence dans notre équipe, c’est cela qui nous tient aussi. Je suis une compétitrice, j’ai envie de gagner chaque match, le foot c’est toute ma vie, je veux toujours gagner!
La Fédération brésilienne a annoncé une parité dans le paiement des primes pour les équipes nationales hommes et femmes. Quel est votre regard sur cette décision?
Je pense que c’est une très belle avancée. C’est un geste fort. Il y a plusieurs équipes et pays ayant franchi le pas. Aujourd’hui, difficile de parler d’argent dans le milieu car c’est évident que le foot masculin génère beaucoup plus de revenus, de droits TV. Je ne sais pas si ce sera possible un jour en France. Aujourd’hui, il y a une différence, même si la Fédération veut faire en sorte que l’écart se resserre pour rêver peut-être un jour d’un équilibre.
Vous êtes avec nous aussi à l’occasion de la sortie du nouveau modèle de chaussures de votre équipementier Puma. On a l’impression qu’année après année, on nous annonce des paires meilleures que les années précédentes: est-ce qu’à votre niveau de professionnalisme, de jeu, vous arrivez à sentir des améliorations?
Je pense que c’est quelque chose de réel. L’innovation est dans tous les domaines et notamment dans les chaussures, notamment à travers la légèreté, la résistance… La recherche permet d’être plus performante potentiellement, comme c’est le cas avec mon équipementier.
Est-ce à dire qu’avec une chaussure d’il y a dix ans, vous n’auriez pas fait la même chose?
Bonne question. Peut-être que non. Je suis partisan de chaussures légères. Prenez l’exemple du sport automobile où l’innovation compte dans les performances.