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Il a fini la finale de la Coupe du monde au poste d’arrière gauche et rayonne maintenant dans l’entrejeu du Real. Toujours en lice pour une seconde Ligue des champions consécutive, Eduardo Camavinga n’élude aucun sujet dans une interview exclusive.

Bonjour Eduardo, parlons du jeu sans ballon et surtout de ton impact physique, tu n’es pas le plus épais, mais pourtant sur le terrain tu n’es pas le dernier à mettre des coups et surtout à gagner des duels.

Depuis que j’ai commencé en pro, on dit que j’ai les os durs. Je n’ai pas forcément le physique le plus imposant, mais après je pense que, comme ils disent, j’ai plus les os durs. Je suis aussi quelqu’un qui ne se laisse pas faire et je donne tout sur le terrain donc je pense que c’est ça aussi.

Tu aimes les un-contre-un et on te sent vraiment performant dans ce domaine-là.

Avant, je ne défendais vraiment pas. Ça m’a même surpris. c’est à partir du moment où j’ai commencé à jouer au centre de formation… je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai totalement changé alors qu’avant je ne me concentrais que l’attaque. Je n’étais pas un 6, je me contentais juste d’attaquer. Dès que j’arrive au centre de formation, j’ai commencé à défendre et à y prendre goût.

On a l’impression que tu récupères plus de ballons dans les pieds de l’adversaire plutôt que sur des interceptions, sur des temps de passe. Est-ce voulu?

Ma force est aussi de récupérer les ballons dans les pieds. Après je dirais pas que je me concentre juste sur attaquer l’adversaire au pied, je me concentre aussi sur les interceptions. Mais c’est vrai que j’ai plus de réussite sur le jeu au pied notamment.

Est-ce quelque chose que vous travaillez avec les entraîneurs ici ou est-ce plus inné?

Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais dès que je suis rentré au centre de formation, j’ai commencé à plus aller chercher dans les pieds, etc. Donc je pense que c’est plus quelque chose qui est inné. Après au centre de formation j’ai commencé à garder ce jeu-là et je pense qu’avec les entraînements, être tout le temps avec les pros quand tu es jeune, cela m’a permis d’aller plus au contact de prendre en intensité, et de pouvoir aujourd’hui ratisser beaucoup de ballons.

Quel est-ce que tu penses des tacles? on a l’impression que tu tacles seulement quand il faut y aller, tu n’es pas vraiment le premier à te jeter…

Je ne dirais pas les tacles, mais les fautes, c’était mon défaut quand je suis arrivé. Le coach m’en a fait part donc j’ai travaillé sur ça. Après j’ai pris goût aux tacles surtout quand je regardais Benjamin André à Rennes. Il taclait beaucoup avec un genou au sol, ce qui lui permettait de se relever rapidement. J’ai appris de lui et aujourd’hui j’ai une petite manière différente de tacler.

Et justement, qu’est-ce que tu fais pour améliorer ces appuis si tu trouves que tu peux aller plus vite? Est-ce que tu en fais part au staff sur des discussions où il y a des choses que tu souhaites améliorer? Est-ce que c’est toi qui va naturellement vers eux ou c’est vraiment eux qui sont dans la proposition par rapport à ce qu’il voit de toi et de tes performances ?

Comme j’ai un préparateur physique, je lui avais déjà fait part de ça. Après, vu que maintenant je joue un peu plus, on varie nos séances. J’avais dit que j’avais une fréquence d’appui qui n’était pas forcément la meilleure, et du coup on a travaillé sur ça. Notamment de la vivacité, avec des choses cognitives en même temps pour travailler les sens.

Ça te permet d’orienter à droite, à gauche, ton fameux crochet ou tu passes le ballon derrière le pied d’appui?

On travaille les sens pour améliorer la réactivité. Aussi pour prendre les informations. Au milieu de terrain, les joueurs arrivent de n’importe où. Après c’est sûr que moi j’aime bien faire mon râteau.

C’est la spéciale!

On me dit que c’est la spéciale, mais oui moi j’aime bien.

Aujourd’hui, comment tu fais justement sur cette prise d’info. parce que ça reste l’une de tes qualités, la vision de jeu avec ces passes qui cassent les lignes. Aussi à l’aise dans le jeu court que le jeu long, comment est-ce que tu prends les informations ? Est-ce que tu as des repères en particulier ?

Je travaille beaucoup sur ça aussi. Parce que je trouve que je pourrais faire mieux au niveau de la prise d’informations. Après moi je travaille beaucoup avec des sortes de lumière ou je me mets au centre et les lumières varient de sens. Ça me permet de toujours prendre l’information. Comme ça dès qu’il a une lumière, je vais vers cette lumière ou je fais une passe vers cette lumière comme ça, ça me permet de toujours tourner la tête. C’est pour ça que je craque tout le temps mon cou. Ça me permet de tourner la tête pour prendre les informations.

Tu parlais de tourner la tête de droite à gauche, à quelle fréquence tu le fais et surtout à quel moment tu prends l’information?

Déjà, c’est constant parce que le positionnement du joueur varie à chaque seconde. Donc tu peux tourner la tête et après le joueur va venir donc faut hocher la tête à chaque moment.

Après la prise d’info, le contrôle…

Oui le contrôle est important. Moi, j’aime beaucoup faire les contrôles de la semelle.

Pourquoi ?

Je ne sais pas, je l’ai appris comme ça. Après, quand j’étais plus petit, on faisait beaucoup de tournois en salle, du coup ça m’a permis de pouvoir travailler sur ma semelle. Après je faisais des contrôles semelles mais c’était plus des contrôles semelles arrêtés.

Est-ce que certains entraîneurs t’on dit « Eduardo, il faut que tu fasses des contrôles de l’intérieur du pied et pas de la semelle »?

Bien sûr qu’on me l’a dit. Même hier encore. Mais comme je suis quelqu’un têtu, je continue à prendre la semelle.

Est-ce que tu peux t’inspirer de certains contrôles de Luka Modric, de Toni Kroos qui joue à tes côtés?

Les contrôles orientés de Luka, ils sont vraiment uniques, extérieur du pied. On n’a pas forcément le même poste sur le terrain donc je peux pas utiliser le contrôle extérieur du pied.

Et marquer, est-ce c’est quelque chose que tu aimes, même si c’est pas l’objectif premier d’un milieu de terrain défensif?

Bien sûr, qui n’aime pas marquer? Lors du dernier match, on en parlait avec Karim, il faut que je travaille sur ma finition parce que je n’ai pas forcément l’habitude d’être dans la surface. Du coup, soit je me précipite soit je ne fais pas forcément les bons choix.

Il te donne des conseils justement Karim Benzema sur ce secteur bien précis ?

Oui bien sûr. Il me dit de rester à mon poste aussi, de faire les choses bien, de jouer simple et de le regarder souvent. J’aime beaucoup parler avec lui, lui demander ce qu’il pense et là en l’occurrence de ma finition. Il m’a dit que c’est vrai que j’avais des progrès à faire.

Karim Benzema et Eduardo Camavinga avec le Real Madrid.
Karim Benzema et Eduardo Camavinga avec le Real Madrid. © Iconsport

Et le coach alors? Carlo Ancelotti, qui est passé par le PSG et qui a beaucoup aidé un joueur comme Blaise Matuidi, international français, gaucher comme toi. Quand il est arrivé, il a dit que Matuidi était capable de marquer et il a beaucoup travaillé à l’entraînement pour améliorer ses statistiques. D’une saison à l’autre Blaise Matuidi a de plus en plus marqué. Est-ce qu’Ancelotti te parle sur ce sujet?

Non on n’a pas forcément parlé de ça parce que maintenant il me positionne à gauche donc il ne va pas me dire de partir marquer des buts! Avant, il me disait tout d’abord de rester bien au milieu pour aider l’équipe. Après, vu qu’on a beaucoup de joueurs offensifs de qualité, je pense que mon registre c’est de cadrer le milieu de terrain et de rester là pour la défense même s’il faut quand même que je me projette. On a beaucoup d’éléments offensifs donc je pense que le plus important c’est de garder l’équilibre.

D’autant plus que ça n’a pas toujours été simple. Tu es arrivé dans un contexte assez particulier. Aujourd’hui tu as réussi à gagner la confiance d’Ancelotti.

C’est un travail quotidien. La première partie de saison n’était pas forcément facile et je n’ai pas énormément joué. Après, il ne faut pas s’arrêter de travailler et quand t’es sur le terrain faut donner de la confiance au coach.

Pour toi, quels sont les axes de progression aujourd’hui?

Déjà, la concentration. Il m’arrive de temps en temps d’être dissipé. Après je pense que sur la prise d’information je peux faire mieux même si c’est déjà pas mal. Et le pied droit, faut pas l’oublier.

En quoi c’est important aujourd’hui de jouer des deux pieds parce que t’as quand même un pied gauche exceptionnel, ça pourrait suffire?

Parlons un peu des après-matchs. Tu fais ton autocritique comme un grand sans avoir à regarder les images? Comment ça se passe pour toi?it, faut pas l’oublier. Jse l’utilise quand même pour les passes mais après je pense que c’est important d’avoir les deux pieds.

Parlons un peu des après-match. Tu fais ton autocritique comme un grand sans avoir à regarder les images? Comment ça se passe pour toi?

Je suis dur avec moi-même. T’as beau me dire que j’ai fait un bon match, si pour moi j’ai fait un mauvais match, j’ai fait un mauvais match. Et pour dire que j’ai fait un bon match, il faut vraiment que j’ai fait un très bon match. Surtout dans les 30 derniers mètres quand je ne tire pas je sais que je vais me faire réprimander par mon frère. Comme le dernier match où il m’a dit « t’aurais pu tirer! ». Mon père aussi c’est la même chose il me le dit souvent. J’ai une application pour voir tous les ballons que j’ai touchés, mais d’abord, c’est mon autocritique qui compte.

Ton frère, ton papa, premier soutien, premiers observateurs aussi?

Oui c’est sûr. déjà mon frère ils m’envoient un message à chaque match. il m’envoie un « bon match » avant chaque match. Ils sont de grands soutiens pour moi.

Parlons maintenant d’Aurélien Tchouameni. Petite particularité, vous jouez ensemble au Real Madrid au même poste même si tu es un petit peu plus polyvalent que lui, en équipe de France aussi. Comment ca se passe?

Comme il l’a dit, c’est comme mon frère. Dès qu’il est arrivé, je l’ai pris avec moi parce que j’étais là avant.

Tu l’as poussé à signer au Real?

On en avait parlé avant, je lui avait présenté comment c’était. On est tout le temps ensemble, on rigole beaucoup. Et quand on joue ensemble on essaie de se trouver.

Où s’arrête l’amitié et où commence la concurrence?

Déjà c’est quelqu’un que j’aime beaucoup. On ne parle pas beaucoup de concurrence ou quoi que ce soit. Comme je dis souvent « si t’es meilleur que moi tu joues. Il n’y a pas de problème avec ça, je vais pas t’en vouloir parce que tu joues. » On n’a pas forcément de concurrence. On ne se regarde pas de la mauvaise manière, s’il y a quelqu’un qui joue à la place de l’autre. On espère que l’autre fasse un bon match. C’est toi qui dois te mettre à bosser si t’as envie de jouer, donc on ne va pas se mettre des bâtons dans les roues et je pense qu’il le voit aussi comme moi. C’est le premier à venir me voir et dire bon match quand je joue et moi aussi.

Comment t’es-tu acclimaté à ce vestiaire qui n’est quand même pas facile avec des grands noms, des grands joueurs, des ballons d’or? Comment est-ce que toi, Camavinga, t’as réussi à te créer un espace dans ce vestiaire légendaire du Real Madrid?

Je suis quelqu’un qui est tranquille et qui aime aller vers les gens. Les gens aiment venir vers moi aussi. Je suis quelqu’un de respectueux et de souriant. Quand tu arrives dans un vestiaire comme ça, il s’agit d’être respectueux envers toutes les personnes qui sont ici. De l’intendant jusqu’au président. Je pense qu’il faut les respecter de la même manière et c’est ce que je fais tous les jours. Ils ont vu que j’étais quelqu’un de sympathique et d’ouvert, qui ne se prend pas forcément la tête. Et ils m’apprécient comme je suis.

Il y a une petite bande de français au Real Madrid avec Ferland Mendy, Tchouameni, et bien sûr Karim Benzema. Ça aide, le grand frère Karim Benzema?

Oui, il m’a aidé et m’a pris sous son aile quand je suis arrivé. Quand je suis arrivé, je ne parlais pas forcément bien espagnol. j’essayais de me débrouiller avec le peu d’anglais je savais à l’époque donc c’est sûr que ça aide beaucoup les Français. Ils sont cool, c’est plus facile.

Tu penses qu’il peut aller chercher un autre de ballon d’or?

Bien sûr! Rien n’est impossible et si il continue à faire les performances qu’il fait en ce moment, bien sûr qu’il peut aller en récupérer un autre.

Parlons maintenant de la sélection et de tes piges comme arrière gauche. Sachant que Didier Deschamps t’avait appelé pour te dire que tu jouerais arrière gauche, est-ce que ça t’a surpris de rentrer contre les Pays-Bas au milieu et d’être titulaire au milieu contre l’Irlande ?

J’ai eu une discussion avec lui. Je lui avais dit que je méritais d’avoir une petite place en milieu de terrain et ça il l’a bien compris. J’étais très content qu’il me fasse rentrer contre les Pays-Bas au milieu de terrain. Après je vais pas dire que j’étais surpris parce que ça reste mon poste mais le fait de commencer à jouer face à l’Irlande, là ça m’a surpris. Mais il faut se tenir prêt à n’importe quel moment et c’est ce que j’ai fait et j’ai fait mon match.

Eduardo Camavinga lors d'Irlande-France
Eduardo Camavinga lors d’Irlande-France © Icon Sport

C’était important de sortir un gros match contre l’Irlande parce que la dernière sortie au Danemark n’avait pas été forcément concluante. C’était important de bien jouer et tu as répondu présent.

Oui, c’est important d’être performant match après match. Avec ce contexte-là j’avais à cœur de faire un bon match pour lui montrer aussi que je méritais d’avoir une place en milieu de terrain. Voilà je l’ai fait et je suis très content.

Revenons à ce poste d’arrière gauche c’est un poste que tu as découvert à la Coupe du monde. Comment est-ce que tu te sens? Qu’est-ce que tu aimerais faire évoluer dans ton jeu sur ce poste-là ?

Le positionnement et la gestion de la profondeur. Je pense que c’est quelque chose de compliqué parce que je n’ai pas l’habitude quand je suis au milieu de terrain. L’alignement avec la défense et surtout la gestion de la profondeur.

Tu avais déjà joué à ce poste là avant?

J’avais joué 20 minutes parce qu’on avait eu un rouge. Je suis parti dépanner là-bas. J’avais joué là en réserve aussi. Le coach Stéphan m’avait mis là-bas pour me tester aussi, j’avais joué 30 minutes.

Il a eu du nez en tout cas le sélectionneur parce qu’il t’a mis à ce poste-là lors de la Coupe du monde. D’ailleurs tu as fait une entrée en finale de la Coupe du monde à ce poste là ce qui n’est pas rien. D’ailleurs ton coach au Real Madrid Carlo Ancelotti t’a aussi essayé à de nombreuses reprises. T’as fait des gros matchs et même été élu en deux matchs dans ce rôle, est-ce que ça t’as surpris ?

Je ne dirais pas que j’ai été surpris mais comme je dis à chaque fois quand on me met à un poste c’est pour me donner au maximum. Je l’ai fait ce jour-là et je suis très content d’avoir aidé l’équipe.

Aujourd’hui comment tu te vois évoluer au poste de milieu défensif, c’est apparemment là où tu te sens bien ?

Ouais c’est sûr que j’aime bien toucher le ballon et être à la première relance donc j’espère que je vais continuer à ce poste là encore très longtemps.

D’ailleurs j’ai une vidéo pour toi, parce que forcément si tu commences à jouer au poste de défenseur gauche avec l’équipe de France, ça va fermer les portes à certains joueurs. Adrien Truffert te demande de te remettre dans l’axe pour lui laisser de l’espace à gauche

Moi ça me va. Adri c’est un bon latéral. Je préfère rester au milieu de terrain et lui laisser sa place à gauche.

Plus globalement, pour finir sur ce thème et celui de l’équipe de France, vous avez une génération exceptionnelle quand même ?

Oui c’est sûr. On l’a démontré lors les derniers matchs. Je pense qu’on a une des meilleures générations. Après on aura à cœur de faire comme les plus anciens qui ont gagné la Coupe du monde et j’espère qu’on va remporter d’énormes trophées. Au vu de la génération qui arrive et qui est là je pense qu’on a énormément de talent. Je pense qu’il y a moyen qu’on fasse de bonnes choses à l’Euro et à la Coupe du monde qui va arriver.



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Pied droit en or, pas de grigri, pas de chichi, un crochet une frappe et nous fermons le jeu, catenaccio :)