Passé de Séville au FC Barcelone pour 50 millions d’euros, Jules Koundé espère avoir plus de réussite que certains défenseurs centraux français passés par la Catalogne. Eric Abidal reste le seul à avoir brillé sur la durée.

René Fenouillère restera à tout jamais le pionnier. En 1903, ce milieu de terrain originaire de la Manche, à l’origine professeur d’éducation physique, devenait à 21 ans le premier joueur français à porter les couleurs du FC Barcelone. Bien avant Christophe Dugarry, Emmanuel Petit, Thierry Henry ou encore Antoine Griezmann. Arraché au FC Séville contre un chèque de 50 millions d’euros (+ 5 millions d’euros de bonus), Jules Koundé va perpétuer la tradition tricolore au sein du club blaugrana. Avec pour objectif de faire mieux que les autres défenseurs français passés dans les rangs catalans.

Le fiasco Christanval

Une mission largement à sa hauteur, compte tenu à la fois de son talent et des échecs rencontrés par ses aînés. Les supporters barcelonais n’ont par exemple pas pu oublier la saison 1996-1997 frustrante de Laurent Blanc. A l’époque, le Président vient de signer un mémorable doublé Coupe-Championnat avec Auxerre. Une discussion d’une demi-heure suffit à Johan Cruyff pour le convaincre de le rejoindre à Barcelone. Blanc dit oui pour un contrat de deux ans, mais déchante aussi vite. A peine recruté, il apprend l’éviction de Cruyff et son remplacement par Bobby Robson, qui n’est pas vraiment séduit par son profil.

Une situation compliquée qui n’empêche pas le futur champion du monde de réussir des débuts prometteurs. Confronté à une solide concurrence, il enchaîne les matchs, sans être indiscutable, avant de vivre une fin de saison décevante, la faute à des blessures et aux choix de Robson qui préfère se passer de lui pour certains rendez-vous importants.

Philippe Christanval à la lutte avec Raul lors d'un Barça-Real en 2002
Philippe Christanval à la lutte avec Raul lors d’un Barça-Real en 2002 © Icon Sport

Blanc s’en va finalement au bout d’un an, direction Marseille, avec dans ses bagages la Coupe des Coupes et la Coupe d’Espagne, mais surtout un goût d’inachevé. Le soleil catalan sourit encore moins à Frédéric Déhu et Philippe Christanval. Le premier arrive en 1999 un an après avoir été champion de France avec le RC Lens. Pour lui, l’aventure démarre bien : il débute comme titulaire en Liga, avant de se blesser lors d’un derby contre l’Espanyol. A son retour de blessure, rebelote. Il doit repasser par l’infirmerie et perd la confiance de Louis van Gaal. Il est cédé l’été suivant au PSG en ayant joué seulement 23 matchs. Christanval, lui, débarque en 2001. Barcelone le voit comme un très grand espoir du football français et pose 17 millions d’euros pour le faire venir de Monaco. Un énorme raté. Entre pépins physiques et prestations quelconques, l’ex-pensionnaire de l’INF Clairefontaine reste deux ans mais ne séduit personne.

La déception Thuram, la réussite Abidal

Beaucoup le considèrent encore comme l’une des pires recrues de l’histoire du Barça. Le passage de Lilian Thuram ressemble aussi à une erreur de casting. En 2006, il fait le choix de quitter la Juve, rétrogradée en D2 dans l’affaire des matchs truqués du Calcio, pour un nouveau défi ambitieux. Problème, Carles Puyol et Rafa Marquez sont incontournables derrière. Plombé en plus par des blessures, Thuram doit se contenter d’un rôle de remplaçant jusqu’à son départ et sa retraite en 2008, lorsqu’il se voit détecter une malformation cardiaque au moment où il espère rebondir au PSG. Eric Abidal peut à l’inverse se targuer d’avoir réussi au Barça. Et pas qu’un peu. Le numéro 22 fait partie de cette génération double championne d’Europe en 2009 puis 2011. Après une greffe du foie en 2012, il retrouve la compétition plus d’un an plus tard, forçant le respect de ses coéquipiers et des supporters. En juin 2013, il part en quasi-héros.

Avant de se retrouver plus tard au cœur d’une polémique, et dans le viseur de la justice, pour des irrégularités présumées autour de la greffe de foie qui l’avait sauvé d’une tumeur, et un soupçon d’achat d’organe illégal. Jérémy Mathieu a laissé un souvenir bien moins marquant en Catalogne. C’est à contrecœur que l’ancien Sochalien accepte de rejoindre Lionel Messi et sa bande en 2014. « Je ne voulais pas aller au Barça, racontait-il l’an dernier dans les colonnes de L’Equipe. Quand le club m’a sollicité, j’étais capitaine à Valence, j’appréciais ma vie là-bas et je me demandais : est-ce que je vais cirer le banc à Barcelone ? » Sa polyvalence et sa régularité lui permettent tout de même de disputer 90 matchs entre 2014 et 2017, et de garnir copieusement son palmarès avec une Ligue des champions, une Supercoupe d’Europe, une Coupe du monde des clubs, deux Liga, deux Coupes du Roi et une Supercoupe d’Espagne.

Deux ans de bonheur pour Umtiti

Sans oublier ce doigt d’honneur adressé aux joueurs du PSG un soir de remontada en Ligue des champions… Pour Samuel Umtiti, quitter l’OL pour Barcelone a d’abord été une réussite : 43 matchs toutes compétitions confondues pour ses débuts en 2016-2017, 40 la saison suivante. Son adaptation se déroule parfaitement et il est alors bien parti pour rehausser le niveau des Français au Barça. Jusqu’à l’été 2018. L’euphorie du titre mondial décroché avec les Bleus en Russie laisse place à un constat brutal : son corps ne suit plus. La spirale infernale est lancée : il sort peu à peu du onze, enchaîne les galères physiques et n’est plus que l’ombre de lui-même. Aligné une seule fois par Xavi la saison dernière, il cherche aujourd’hui une porte de sortie pour relancer enfin sa carrière. Partir, c’est le choix qu’a fait Clément Lenglet.

Samuel UMTITI
Samuel UMTITI © Pressinphoto / Icon Sport

Lui aussi en manque de temps de jeu, l’international français a filé début juillet en prêt à Tottenham. Essentiel sous Ernesto Valverde, son statut s’est dégradé sous Ronald Koeman, et l’arrivée de Xavi en novembre n’a rien arrangé. Au contraire. Jugé trop fébrile, coupable d’erreurs évitables… il a plongé mentalement et ne peut qu’espérer retrouver son meilleur niveau à Londres avec Antonio Conte. C’est le schéma qu’avait suivi Lucas Digne en s’engageant à Everton en 2018 après deux années très mitigées au Barça, où il n’était pas parvenu à s’imposer durablement dans le couloir gauche, barré par le taulier Jordi Alba. Jean-Clair Todibo a encore moins joué : seulement cinq apparitions sous le maillot blaugrana. Après avoir refusé de passer pro à Toulouse, il file à Barcelone dans les dernières heures du mercato d’hiver 2019 pour une indemnité comprise entre un et deux millions d’euros. Mais la marche est trop haute.

Alors qu’il est présenté lors de sa signature comme « l’une des promesses les plus remarquables du football européen », il cire immédiatement le banc ou est envoyé en tribunes. « C’est naze d’aller à Barcelone et de ne pas jouer. Je préfère porter le maillot de Sedan et jouer plutôt qu’aller à Barcelone et ne pas jouer La présentation à Barcelone, c’est la folie, mais je n’ai joué que cinq matchs, c’est bidon en vrai », dira-t-il plus tard à L’Equipe. Il s’éclate désormais à l’OGC Nice.



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Pied droit en or, pas de grigri, pas de chichi, un crochet une frappe et nous fermons le jeu, catenaccio :)