En proie à une certaine défiance de la part de son groupe, l’entraîneur de l’OM Igor Tudor se sait surveillé de près. Encore jeune (44 ans), son gros caractère, quelques excès de colère et des méthodes de travail assez dures ont pourtant contribué à sa réputation d’homme intransigeant.
Un mois tout pile après sa nomination le 2 juillet dernier sur le banc de l’OM et, déjà, Igor Tudor est sous le feu des critiques. Les premières d’entre elles émanent de ses joueurs, peu à l’aise avec son discours jugé trop offensif. Alors qu’une réunion – de crise, même si elle n’en prend pas le nom – est convoquée ce mardi entre le coach et son groupe, l’heure est aux interrogations du côté du board comme des supporters marseillais. Et si le Croate n’était pas l’homme de la situation ?
Pour tenter d’apporter quelques éléments de réponse, il faut se replonger dans les expériences précédentes de l’homme de 44 ans. Celles qui l’ont forgé et lui ont construit une réputation de manager intransigeant aux méthodes parfois dures, qui dépeignent toutes un fort ego et une volonté de défendre sa position de seul maître à bord.
« Il nous a dit qu’on allait tellement souffrir qu’on ne verrait plus rien d’autre que le centre d’entraînement et notre lit »
Avant toute chose, force est de rappeler le passif de joueur de Tudor, solide et rugueux défenseur central ayant disputé plus de 170 matchs avec la Juventus Turin entre 1999 et 2007. Pour sa reconversion, il a d’abord intégré le staff de son équipe nationale, avant de prendre du galon en devenant numéro un au HNK Hajduk Split, son club formateur. Cette expérience, entre 2013 et 2015, reste jusqu’à présent sa plus longue comme coach. Car la suite n’a pas montré de grande stabilité. En sept ans, il a connu six bancs différents : en Grèce (PAOK Salonique), en Turquie (Karabükspor, Galatasaray), à nouveau en Croatie (Hajduk Split) et en Italie (Udinese et Hellas Vérone). Des aventures qui n’ont pas laissé que des bons souvenirs.
Au PAOK, ses dirigeants n’avaient pas apprécié qu’il allume publiquement ses joueurs, critiquant fortement la qualité de son équipe. Du côté de Galatasaray, ce sont davantage ses prises de paroles et ses méthodes d’entraînement qui n’ont pas plu, comme l’évoquait Aurélien Chedjou dans l’Equipe et Le Parisien début juillet : « Il nous a dit qu’on allait tellement souffrir qu’on ne verrait plus rien d’autre que le centre d’entraînement et notre lit, et c’est ce qu’il s’est passé, on était rincés en rentrant chez nous. Et puis il ne jurait que par le 3-5-2 alors qu’on n’avait pas les joueurs pour. On a essayé de le lui dire mais ça n’a rien changé (…) On s’est séparés sur une fausse note. C’est vraiment le seul coach avec lequel je me suis un peu frité. »
Dirigé l’an passé à l’Hellas Verone par Igor Tudor, le milieu de terrain Adrien Tameze soulignait, lui aussi, la grosse exigence de son ancien coach sur le plan physique auprès de RMC Sport : « C’est un sanguin, quelqu’un qui a faim, qui en veut toujours plus. Il demande énormément à ses joueurs, à son équipe. C’est un pressing tout-terrain quasiment constant (…) C’est très intense. On court parfois plus en semaine que les jours de match mais ça sert le week-end quand on est sur le terrain. »
« La clé est de s’adapter à son équipe » : vers une concession du nouveau coach de l’OM ?
C’est en connaissance de cause que Pablo Longoria a jeté son dévolu sur le Croate. En allant le chercher, le président phocéen ne pouvait ignorer son goût immodéré pour les efforts et son désir d’imposer sa patte sur son effectif. « Il a une grande personnalité, il partage les valeurs qu’on veut mettre en place dans notre projet : du cœur, de l’ambition. Faire un football attractif, vertical, fait pour nos supporters », confiait-il même lors de sa présentation.
Alors qu’est-ce qui cloche ? En l’espace de quelques semaines, Igor Tudor a été impliqué dans deux altercations, avec Gerson et Jordan Amavi, en même temps que plusieurs cadres de l’effectif ont souhaité discuter de son cas avec Longoria. Excès de sévérité, changement brutal de philosophie avec son prédécesseur (d’un jeu de possession à une verticalité accrue)… Les hypothèses ne manquent pas.
Mais l’homme de 44 ans a peut-être d’ores et déjà une idée de ce qu’il doit modifier à son management si l’on se penche sur son discours lors de sa présentation à l’Hellas Vérone en septembre 2021 : « Je veux que mon équipe ait tout. Qu’elle court, qu’elle soit agressive. On donne des étiquettes aux équipes. Elle est comme-ci, elle est comme-ça… Mais ce n’est pas ça. La clé est de s’adapter à son équipe. »
L’adaptation, le maître mot. Peut-être ce qui manque au coach avec l’OM à la lumière de cette pré-saison compliquée. Ou comment mettre de l’eau dans son vin pour s’attacher la loyauté de son groupe… Reste à voir si le Croate est prêt à une telle concession.
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