Eugénie Le Sommer signe son grand retour en équipe de France quasiment deux ans jour pour jour après sa dernière sélection (avril 2021). Au micro de RMC Sport, l’attaquante de l’OL évoque ce come-back, la nouvelle ère Hervé Renard, ses méthodes et sa façon de diriger le groupe, son rôle de vice-capitaine, le staff élargi ou encore l’obligation de résultats des joueuses après la fronde.
Eugénie, on imagine que vous êtes très heureuse d’être de retour…
Je suis très heureuse d’être ici, très fière de porter le survêtement de l’équipe de France. C’est sûr que ça fait très plaisir. Je ne m’y attendais pas forcément, ç’a été une semaine agitée on va dire. Mais je suis très contente et très heureuse d’être ici.
Cela fait presque deux ans jour pour jour…
Oui, c’était en avril. Je sais, j’ai compté (rire). Bien sûr que ça m’avait manqué. C’est difficile de ne pas voir son nom sur les listes, de regarder l’équipe à la télévision, de se demander pourquoi on n’y est pas… C’étaient des moments difficiles. Maintenant, j’ai envie de me tourner vers l’avenir et de me concentrer sur le futur.
Vous dites que vous avez été surprise d’être dans la liste. Vous n’aviez aucun indice qui vous laissait penser que vous pourriez y être ?
Ce n’est pas parce qu’il y a un nouveau sélectionneur qu’il va me sélectionner. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Donc oui, ç’a été une belle surprise de voir mon nom sur la liste. Ça fait bizarre. J’avais l’impression que c’était la première fois que mon nom était dans une liste. Deux ans, c’est long. Mais aujourd’hui, je pense que c’est un beau message de ne jamais lâcher, de toujours y croire.
Comment avez-vous vécu l’annonce de la liste ? C’était au lendemain du quart de finale de Ligue des champions (2-2 en cumulé contre Chelsea, défaite de l’OL aux tirs au but)…
C’était un sentiment mitigé parce qu’en plus, on est rentrés super tard de Chelsea. Donc je me suis réveillée le matin et il y avait la liste, donc j’étais déçue par rapport à notre match contre Chelsea, il y avait beaucoup de déception et voir mon nom m’a donné l’impression que ça avait effacé une partie de la soirée. Ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai pu switcher plus vite que certaines.
Hervé Renard a dit qu’il avait appelé certaines joueuses avant la liste. En faisiez-vous partie ?
Oui, il m’a appelée quand il a pris ses fonctions et on a échangé tous les deux. C’était un échange constructif, ça s’est très bien passé et je suis contente qu’il m’ait appelée avant.
Vous faites également partie des deux vice-capitaines…
Tout est arrivé un peu vite, je ne me projetais pas du tout là-dessus. C’était déjà une étape importante d’être dans la liste. Etre vice-capitaine est une belle marque de confiance, donc à moi de lui rendre cette confiance. Je lui ai dit qu’il pouvait compter sur moi pour cette mission.
Que vous a dit Hervé Renard quand il vous a réuni toutes les trois, Wendie Renard (capitaine, ndlr), Grace Geyoro (vice-capitaine) et vous ?
Qu’il comptait sur nous pour atteindre les objectifs. Après, ça reste des nominations, ça n’empêchera pas les autres de l’équipe de prendre leurs responsabilités et de dire les choses si elles ont des choses à dire. C’est plus protocolaire qu’autre chose. Mais je suis très fière et très honorée d’avoir cette marque de confiance. C’est allé très vite mais je suis prête, à moi de rendre cette confiance.
Comment se passent ces premiers jours à Clairefontaine ?
Très bien, très bien. En plus, on a la chance d’avoir le soleil, ça n’a pas toujours été comme ça. C’est vraiment des débuts parfaits pour l’instant. Ça se passe très très bien, on était contentes de se retrouver, de découvrir le nouveau staff et de revoir les filles aussi. Les premiers entraînements se sont bien passés aussi. C’est très positif pour la suite.
Pour avoir vu l’entraînement de lundi, on sent que ça bosse fort…
Il faut vite se remettre au travail car on n’a pas beaucoup de temps. On en a conscience, on sait qu’il va falloir être encore plus impliquées, plus déterminées, plus concentrées car on est dans un laps de temps très court. Il faut vite qu’on assimile ce que le coach veut de nous sur le terrain. C’est positif, les entraînements se sont bien passés, on sent déjà sa patte, quelques attentes au niveau du jeu et sa philosophie. A nous de répondre présentes maintenant sur les matchs, c’est ce qui comptera.
Quelle philosophie de jeu tente-t-il de vous imprégner ?
Pour l’instant, il nous a donné deux ou trois clefs sur l’aspect offensif. On a commencé à travailler les coups de pied arrêtés et à analyser la Colombie (ce vendredi en amical à 21h10). Sur sa philosophie de jeu, on verra vendredi. Les premiers éléments qu’on a pu voir sont des petits éléments offensifs qu’il fallait rappeler. Il aime le jeu qui passe par les côtés, le jeu combiné, qu’on soit tout le temps en mouvement. Ce sont des principes qui sont importants pour pouvoir gagner.
Lundi, à la fin de la séance, Hervé Renard a dit « bonnes vacances ». Pour une séance de décrassage, c’est assez surprenant. C’est que ça turbine, non ?
(Rire) C’est quelqu’un qui aime bien… (elle cherche ses mots) Je ne dirai pas plaisanter car on n’est pas là pour plaisanter, mais c’est quelqu’un qui est dans la bonne humeur. Il est comme ça, il est dans la communication. Il aime bien que tout le monde se sente bien. C’est aussi une manière d’être décontracté, tout simplement.
Qu’est-ce qui vous a marqué dans vos premiers échanges avec lui ? On a vu un petit extrait sur les réseaux sociaux où on voit qu’il a un fort attachement à ce maillot…
Je connaissais le coach par rapport aux équipes et aux sélections qu’il avait entraînées. Je ne connaissais pas forcément cet attachement au maillot, même si on l’a tous un peu. Le voir parler de l’équipe de France comme ça… Je me retrouvais dans son discours, car je pense que chacune d’entre nous est fière de représenter son pays. C’est une fierté et on veut réussir pour ça.
On sait qu’il a beaucoup de charisme, qu’il est très ouvert dans sa façon de communiquer et sa façon d’être. Ça marque en tant que joueuse ?
Oui, bien sûr que ça marque. C’est quelqu’un qui est un très bon communicant mais qui sait aussi transmettre ce qu’il veut dire, ses émotions, ses consignes. C’est quelqu’un très ouvert, très avenant, il a le sourire. Mais on a pu voir aussi sa face un peu plus sérieuse (sourire). Quand il a des choses à nous dire, il nous les dit aussi.
Le staff est élargi. L’équipe de France bascule-t-elle dans une ère vraiment différente ?
Oui, bien sûr. Mais je pense que ça va aussi avec le football d’aujourd’hui. On le voit dans les clubs ou les sélections, où les staffs sont élargis. Il y a des nouveaux domaines de compétences. C’est une manière, aussi, d’être plus pointilleux sur certains points et peut-être que ce sont ces points qui feront la différence lors des grands rendez-vous. Aujourd’hui, dans le football, il y a beaucoup plus de spécificités et de nouveaux domaines de compétences. C’est important d’avoir un staff plus élargi pour pouvoir éviter de passer à côté de quelque chose et travailler tous ensemble pour atteindre nos objectifs.
Hervé Renard a dit que les joueuses avaient les capacités mais qu’il fallait maintenant qu’elle montre. Vous avez la pression quand même, non ? Car on sait ce qu’il s’est passé, il y a eu la mise en retrait de Wendie Renard, Kaditiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto…
Oui, mais je considère que dès qu’on met les pieds ici et le maillot sur les épaules, on a une responsabilité et une certaine pression car on se doit de tout donner et faire le maximum pour l’équipe et pour gagner des matchs. Aujourd’hui, je pense qu’on est prêtes à ça. On doit faire mieux que par le passé mais chacune a une responsabilité par rapport à l’équipe. Je pense que c’est important de le rappeler: on ne vient pas en sélection juste pour venir en sélection. On doit avoir des résultats et on est conscientes de cette pression et de cette situation.
Comment avez-vous vécu ces dernières semaines mouvementées pour l’équipe de France ?
Ç’a été un peu les montagnes russes. Moi, je prenais les choses comme elles venaient et j’ai essayé de ne pas trop me prendre la tête, d’être moi-même, de rester sur ce que je sais faire. Bien sûr qu’il y avait de l’attente car Hervé Renard a mis du temps à être nommé et il n’y a pas eu beaucoup de temps entre sa nomination et la première liste. Mais c’est comme ça, on a fait avec et j’ai pris les choses comme elles venaient.
C’est une course contre la montre pour le Mondial (20 juillet-20 août) ? Quel est l’objectif ?
Je ne dirai pas que c’est une course contre la montre. Il y a ce stage, il y a cette préparation. C’est court, car on a parfois l’habitude de se préparer pendant quatre ans pour un événement, mais je pense que le groupe se connaît, les filles ont déjà joué les unes avec les autres. Le groupe ne s’est pas transformé, on connaît les qualités de chacune. A nous de faire preuve d’intelligence. On se connaît, on ne peut pas utiliser ça comme une excuse en disant qu’il a révolutionné toute l’équipe. Il y a déjà une base. Maintenant, à nous de travailler et d’intégrer les principes de jeu qu’il veut. Selon moi, il y a suffisamment de temps pour faire quelque chose. Maintenant, il faut le valider dès vendredi puis ensuite dès mardi. Après, on verra.
Vous allez avoir 34 ans cette année. En fin de compte, c’est le timing idéal pour vous ? Vous revenez et ça va être l’une de vos dernières grandes compétitions…
Oui, je me dis que c’est presque une seconde chance. Je suis prête, je suis une compétitrice. Je veux jouer les compétitions, les matchs importants. Je veux continuer à gagner dans ma carrière et ça passe par ces compétitions. J’espère pouvoir les jouer. Je n’ai pas envie de parler de mon âge. Je pense que c’est très français de parler de l’âge. Pour avoir joué aux Etats-Unis, je n’ai jamais entendu ça. Tant que je me sens bien dans mon corps et dans ma tête, c’est ce qui compte. Aujourd’hui c’est le cas donc il n’y a pas de soucis.
L’essentiel pour vous est que tout aille bien au niveau physique, car on sait qu’il y a eu quelques pépins…
Oui, c’est ça. Bien me sentir et aider l’équipe. C’est sûr que quand on est bien physiquement, c’est plus facile d’être meilleure sur le terrain. A moi de faire en sorte d’être bien et performante.
Quel est l’objectif sur les deux matchs qui arrivent (Colombie vendredi puis Canada mardi, ndlr) ?
La première chose va être de mettre en place les premiers principes du coach et d’intégrer la manière dont il veut qu’on joue. Le deuxième objectif est de gagner, ce serait la meilleure étape pour pouvoir partir sur quelque chose avec beaucoup de confiance et valider la semaine. C’est important de passer par là.
On sent que toutes les joueuses sourient, que l’équipe de France est apaisée…
J’ai vu beaucoup de sourires. Après, moi je n’étais pas là ces deux dernières années donc je ne peux pas dire comment c’était et je ne veux pas parler des moments où je n’étais pas là. En tout cas, il y a beaucoup de sourires, beaucoup d’enthousiasme depuis lundi et ça fait du bien.
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