Anne Hidalgo et Nasser Al-Khelaïfi se livrent une guerre médiatique sans merci concernant la vente du Parc des Princes au PSG et ils n’ont sans doute pas fini d’échanger des coups à ce propos. Retour en quelques dates sur la genèse de ce conflit, qui prend encore une autre tournure ce samedi, après les déclarations de la maire de Paris.
Voilà plusieurs mois qu’ils sont en boucle sur un sujet qui suscite énormément de crispation dans les bureaux du Paris Saint-Germain. Et ce n’est pas la dernière prise de parole de la maire de Paris Anne Hidalgo qui devrait apaiser la situation. Le président du club Nasser Al-Khelaïfi convoite le Parc des Princes et discute depuis plusieurs années avec la Ville de Paris d’un éventuel achat de l’enceinte historique qu’il aimerait acquérir pour l’agrandir et ainsi poursuivre le développement économique du PSG.
Si les différentes parties impliquées dans ce dossier paraissent partager le constat d’un agrandissement nécessaire de l’enceinte, les moyens d’y parvenir n’ont jamais fait consensus, et l’hypothèse d’une vente encore moins. Le PSG et la mairie de Paris se déchirent sur ce sujet par médias interposés, et ce depuis plusieurs semaines. Retour sur un interminable combat de boxe entamé il y a quelques années.
Novembre 2011
Nasser Al-Khelaïfi n’a pas attendu bien longtemps avant d’affirmer ses ambitions pour le Paris Saint-Germain. Dans les colonnes du Parisien, le président du club de la capitale soutient que le Parc des Princes « est la maison du PSG », mais il nourrit déjà d’autres projets et n’hésite pas à le faire savoir à nos confrères, arguant que « la rénovation du Parc doit correspondre à nos besoins et nos ambitions ». A cette époque, le président parisien entend détruire pour reconstruire une enceinte ultra moderne digne des plus grands stades européens. Il rêve alors d’un stade de 60.000 places.
20 mars 2012
A quatre ans de l’Euro 2016, qui sera l’occasion pour le club d’entreprendre un certain nombre d’aménagements du Parc, l’adjoint aux sports de Bertrand Delanoë, Jean Vuillermoz, rejette fermement l’hypothèse d’une démolition du Parc des Princes. La ville ne se place pas dans cette hypothèse. « Il s’agit bien d’une rénovation du stade », confirme l’élu. Elle sera minimale puisqu’il s’agira en fait d’une mise aux normes pour respecter les critères imposés par l’UEFA.
29 mai 2015
Un an après son élection à la mairie de Paris, Anne Hidalgo fait état de ses relations avec Nasser Al-Khelaïfi. Pour elle aussi, le Parc des Princes doit être agrandi, la maire de Paris juge même que c’est « indispensable ». « Il faut un Parc à 60.000 places », ajoute-t-elle, reprenant à son compte l’idée du président Nasser Al-Khelaïfi, dont elle semble partager l’ambition. Le projet devait être présenté au Conseil de Paris « fin 2016 ou début 2017 », après l’Euro. Il n’en sera rien.
Octobre 2015
Quelques mois seulement après cette prise de parole, une information importante fuite dans la presse. Selon Le Parisien, le rêve du PSG « est en passe de devenir réalité ». Le club a trouvé la solution pour porter la capacité du stade à 60.000 places, assure le journal. Mais pour en arriver là, d’énormes et coûteux travaux sont à prévoir, et la direction parisienne ne les envisagera qu’à une seule condition: devenir propriétaire du Parc des Princes.
Mai 2016
Le PSG présente le Parc des Princes rénové à l’aube de l’Euro. Le directeur général délégué Jean-Claude Blanc – parti depuis rejoindre Ineos – réaffirme à cette occasion la volonté du club, « partagée par la Ville de Paris », c’est du moins ce qu’il assure à l’époque: « L’évolution, ce sera d’augmenter la capacité du stade. On est en train de regarder comment cette enceinte peut accueillir plus de public. (…) Avoir un stade de 60.000 places serait un atout non négligeable pour Paris. »
23 novembre 2022
La perspective des JO de Paris 2024 aurait pu donner un coup d’accélérateur au projet et relancer les discussions, elle n’a fait que l’enliser. Piqué par le boycott de la Coupe du monde au Qatar, frustré par les déclarations sans lendemain de la maire de Paris, le président parisien met en cause l’attitude de la ville. Et menace. Au Qatar pour le coup d’envoi de la Coupe du monde, Nasser Al-Khelaïfi évoque la possibilité que le PSG quitte le Parc des Princes. « Paris mérite un meilleur stade. Ma première option est que nous ne déménagions pas. Mais la ville de Paris nous pousse à le faire. Nous avons dépensé 85 millions d’euros pour moderniser le Parc, mais ce n’est pas notre stade. »
24 novembre 2022
La réplique fuse. L’adjoint aux Sports de la ville de Paris Pierre Rabadan dit sa consternation et sa surprise face au timing des propos de Nasser Al-Khelaïfi. « Cela fait plusieurs mois que nous travaillons ensemble sur le projet d’agrandissement du Parc », rappelle-t-il au Parisien. Concernant l’hypothèse d’une vente, la proposition du club a été jugée « inacceptable ». « La question d’une vente n’a plus été évoquée tellement le montant n’était pas réaliste », appuie l’ancien rugbyman.
29 novembre 2022
Cinq jours plus tard, Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris, n’exclut pas catégoriquement une vente du Parc au PSG mais indique en revanche que si l’opération doit avoir lieu, elle se fera au juste prix. Le ton est grinçant. « Le PSG en propose 40 millions d’euros. C’est moins cher que Paredes. Franchement ? ! Vous pensez vraiment que le Parc vaut moins que Leandro Paredes acheté 50 millions d’euros (le milieu argentin acheté 47 millions d’euros)? Ce n’est pas sérieux. Il y a une forme de pression qui n’est pas responsable. »
3 décembre 2022
C’est peu dire que la sortie médiatique du premier adjoint d’Anne Hidalgo est mal passée. « Lui (Emmanuel Grégoire), il parle trop, tonne le président du PSG, interrogé par le quotidien L’Equipe. En face de nous, il nous dit quelque chose et dans le journal sa version est différente. Ça, je ne peux pas l’accepter. »
« Cinq ans! À chaque fois, on nous a dit : »Après l’élection à la mairie », s’agace-t-il. Puis : « Après l’élection du Président. » On a perdu cinq ans. On aurait déjà pu construire un nouveau stade. Mais regardez les autres clubs! Nous, on a besoin de je ne sais combien d’accords. On n’avance pas dans les discussions. … Nous sommes de gentilles personnes, mais nous ne sommes pas stupides. On a été très gentils, maintenant, c’est fini. Ils profitent du fait qu’on a été gentils. Ça suffit! »
8 décembre 2022
La volonté du président du Paris se heurte cependant à l’opposition ferme de certains élus du Conseil de Paris, lesquels partagent la cause défendue par Anne Hidalgo. Les groupes écologiste et communiste, membres de la majorité autour d’Anne Hidalgo, montent ainsi au créneau pour s’opposer à une vente potentielle du Parc des Princes. Les élus verts affirmant que le Parc des Princes « fait partie du patrimoine de la ville ».
16 décembre 2022
Dans une longue interview accordée à l’émission Rothen s’enflamme sur RMC, le président du PSG revient sur la passe d’armes qui l’oppose à la mairie de Paris et maintient qu’il ne veut pas quitter le Parc des Princes. « Mais si le maire de Paris ou la ville de Paris ne veut pas qu’on reste, ne veut pas faire quelque chose pour nous… », insinue-t-il. Le prix exigé par la mairie de Paris est jugé exorbitant.
« On ne veut pas mettre 500 ou 600 millions dans un autre stade, déclare-t-il. Pour nous le plus important c’est le terrain. On ne veut pas faire de l’argent avec ce stade, on ne veut pas faire un shopping mall. C’est quoi la valeur du Parc des princes sans le PSG? Zéro. Ça, je le dis direct. Et quand on me dit 350, je sais pas quoi, c’est pas mon problème, si vous voulez faire du shopping, des buildings, de l’immobilier, des appartements peut-être mais pour nous, c’est juste le sport. Qu’est-ce qu’on a fait pour la ville de Paris? Combien de personne viennent pour regarder Kylian, Messi et Neymar? Quelle taxe on a payée? Les impôts? On a fait beaucoup. »
14 janvier 2023
Après neuf mois d’abstinence médiatique qui ont suivi sa déroute à l’élection présidentielle, Anne Hidalgo choisit Le Parisien pour faire entendre quelques messages. « Très clairement, le Parc des Princes n’est pas à vendre », assume-t-elle face aux lecteurs du journal. Une nouvelle pique qui ne manque pas sa cible, déclenchant l’ire du Paris Saint-Germain.
« Il est décevant d’entendre que la Maire de Paris veut déloger le Paris Saint-Germain et ses supporters du Parc des Princes tout en ajoutant des dizaines de millions d’euros à la charge des contribuables parisiens pour maintenir la structure d’un stade qui a plus 50 ans et a besoin d’une rénovation complète », peste un porte-parole du club
« Il est évident qu’un investissement aussi important ne sera réalisé par le PSG que si nous devenons propriétaires du Parc des Princes, ajoute-t-il. En fermant définitivement les discussions de rachat entamées depuis très longtemps et en refusant notre investissement très significatif pour rénover le Parc, la Maire force le PSG à quitter sa maison et fait peser une charge fiscale de plusieurs millions d’euros sur les contribuables parisiens. »
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