EXCLU RMC SPORT – Noël Le Graët était l’invité de Rothen s’enflamme sur RMC, mercredi 16 novembre. Le président de la Fédération française de football a été interrogé sur l’équipe de France à la Coupe du monde 2022, les polémiques sur le Qatar, les accusations de comportement inapproprié avec les femmes et sur les problèmes de management au sein de la FFF.

Jérôme Rothen: Que serait une Coupe du monde réussie pour l’équipe de France ?
Noël Le Graët: Je fixe toujours comme objectif le dernier carré. Au classement FIFA, on doit être quatrième et, depuis quelques années, on est dans les quatre ou cinq premiers. Je ne dis pas qu’on a la meilleure équipe actuellement, mais je dis qu’on a une bonne équipe avec l’objectif de bien jouer et de donner du plaisir à ceux qui regardent. Et qu’on arrête les critiques aussi. Je vais parler de foot un petit peu. Je pense qu’on peut réussir.

Jérôme Rothen: Quelles sont les critiques ?
« Il y a des blessés », « l’équipe joue moins bien », « aller au Qatar c’est pas bien ».

Jérôme Rothen: « Le sélectionneur va partir »…
Non, il ne va pas partir.

Jérôme Rothen: Ce n’est pas une question, c’est dans les critiques que vous énumérez.
Si le sélectionneur fait une bonne Coupe du monde, si on est dans le dernier carré, et je l’ai dit de façon très claire je crois, le choix lui appartient.

Jérôme Rothen: Lorsqu’on est champion du monde, est ce qu’une demi-finale représente vraiment une Coupe du monde réussie ?
Si tous ceux qui l’ont gagnée l’emportaient encore quatre ans plus tard, il y aurait beaucoup de pays. On a tout ce qu’il faut pour être présent, en tout cas sportivement. J’ai des garçons à Clairefontaine, les blessés, en dehors des milieux, vont bien…

Jérôme Rothen: Kimpembe s’est rajouté aussi…
Malheureusement oui, j’allais l’oublier, effectivement forfait de dernière minute.

Jérôme Rothen: Cela fait trois titulaires absents.
Absolument, mais cela s’est déjà produit, et il y a des jeunes qui ont gagné leur place. Vous n’auriez pas parié un centime, moi non plus d’ailleurs, qu’il puissent gagner leur place au très haut niveau.

Jérôme Rothen: Sauf que moi à l’époque j’étais optimiste et j’y croyais parce que je sentais un état d’esprit… Je ne le ressens pas forcément avant cette Coupe du monde. Comment sentez-vous cet état d’esprit ?
Il y a un décalage entre ce qui peut se dire ou s’écrire, et ce que j’entends. Les joueurs , j’ai déjeuné avec eux hier (mardi 15 novembre, ndlr). Cela fait maintenant quelques années que je suis l’équipe de France. Ce sont des compétiteurs. En club, il faut gagner tout le temps. Parfois le corps ne suit pas, mais la tête est présente. J’ai discuté avec Lloris et Varane, ce sont des types extraordinaires, les garants de ce groupe.

Jérôme Rothen: Il y a le retour de Karim Benzema.
Oui, il était fier et heureux d’être là. Et nous aussi.

Jérôme Rothen: C’était trop long cette punition…
On ne peut jamais revenir en arrière… J’étais à ma place, il ne faut jamais la quitter.

« Il n’y a jamais eu aucun problème avec Mbappé »

Jérôme Rothen: Par rapport à ces groupes de joueurs, est-ce que vous vous sentez écouté, si vous tapez du poing sur la table ?
Eh bien sinon je n’irais pas. Guingamp est une très belle ville, où je me plais. Varane me disait: « Président, vous restez ? Tant mieux, j’ai envie que vous soyez présent ». Je fais une petite réunion de temps en temps, toujours avec l’accord de Didier. En général, on s’entend bien. Parfois il faut être un peu plus dur, cela m’arrive de l’être, parfois un peu plus sympa, ça m’arrive de l’être aussi.

Jérôme Rothen: Avec Mbappé, comment se passe le relationnel ?
Je lis ça partout. Hier, quand j’arrive, le premier qui me saute au cou et qui m’embrasse, c’est Mbappé. Il n’y a jamais eu aucun problème avec Mbappé, juste des difficultés quelques fois sur les contrats.

Jean-Louis Tourre: Je vous coupe, ce n’est pas ce qu’il a dit, notamment après les insultes racistes qu’il a subies (après l’élimination contre la Suisse à l’Euro). Il a dit qu’il était venu se plaindre de ça dans votre bureau et que vous lui aviez dit qu’il n’y avait pas d’acte raciste sur ce cas précis…
Ah, c’est possible. En tout cas, j’aime beaucoup ce garçon.

Jean-Louis Tourre: Il ne vous en tient plus rigueur ?
Je n’aime pas les gens rancuniers. La vie est trop courte pour s’enquiquiner à avoir des rapports difficiles ou des relations compliquées pour des petits pépins de rien du tout. Mbappé, hier soir, j’étais heureux de le voir.

Jean-Louis Tourre: La personne a depuis été condamnée, vous considérez que c’est un dérapage raciste ?
Il ne faut plus faire d’affaires là-dessus. Mbappé est quelqu’un de souriant, le leader des jeunes.

« Au Qatar, on entend bien se comporter »

Jérôme Rothen: La Coupe du monde est particulière. L’attribution au Qatar a fait des polémiques ces derniers mois…
Je pose une question, pourquoi ces derniers mois ? Il y a dix ans, il y a eu des petites réflexions et d’un coup, depuis trois mois, ça se déchaîne alors que les rapports n’ont jamais été aussi bons entre la France et le Qatar. On peut critiquer beaucoup de pays qui n’ont pas notre puissance économique, notre culture, nos stades, nos relations…

Jean-Louis Tourre: On pourrait vous répondre « mieux vaut tard que jamais », si le combat est louable. Il peut être mené maintenant.
Cela vous permet de bavarder avant. 32 pays vont y aller et le Qatar va progresser grâce au football. Le football a le pouvoir de réunir. On s’attend à être bien reçu et on entend bien se comporter.

Jérôme Rothen: Avec toutes les polémiques, si vous aviez à voter aujourd’hui, vous voteriez pour le Qatar ?
Je ne peux pas lire l’avenir. Cela a été voté par un de nos amis (Michel Platini) et monsieur Blatter (ancien président de la FIFA). À l’époque, cela n’a pas fait de bruit et on ne peut pas revenir en arrière.

Jérôme Rothen: Il sera peut-être votre successeur, Michel Platini ?
Je ne sais pas s’il est candidat, et il faut gagner. Ce n’est pas aussi facile qu’on le croit de devenir président de la fédération. Cela paraît simple, mais il faut gagner les élections. J’ai été élu il y a un an et demi, facilement à 72%.

Jean-Louis Tourre: Vous êtes aussi modeste que Jérôme Rothen…
72%, c’est pas mal pour un vieux.

Jérôme Rothen: Michel Platini, c’est difficile de ne pas lui laisser une autoroute.
Vous le connaissez mieux que moi. C’est à vous de lui demander s’il sera candidat.

Jérôme Rothen: Il n’avait pas fermé la porte. Quand on est joueur, on reste concentré sur le terrain mais est-ce que vous laissez la liberté aux joueurs de s’exprimer sur place ?
Alors il y a deux choses. D’abord garder sa liberté intellectuelle, ensuite les commentaires. Nous sommes dans un pays étranger et il faut faire extrêmement attention. On doit aussi être bien reçu et les joueurs ne sont pas aveugles, ils ont créé une association (Génération 2018). Ils se sont réunis pour apporter des aides à tout ce qui concerne le droit et le respect. Les joueurs ne sont pas insensibles à ce qu’il se passe. La liste de pays où il est difficile de jouer est longue. On est bien contents aussi d’avoir le PSG, qu’on le veuille ou non. Je suis un peu à contre-sens. Je ne défends pas le Qatar, mais si les gens se déplaçaient, ils verraient qu’en Afrique c’est encore plus compliqué. Au Qatar, il y a de l’argent, ils pourraient mieux faire au niveau des Droits de l’homme, très certainement. Mais il y a des pays où c’est la misère. C’est très dur.

Jean-Louis Tourre: Mais est ce que la France, pays des Droits de l’homme, ne doit pas montrer l’exemple ? Avec l’exemple du brassard multicolore, vous vous êtes exprimé dans L’Équipe en disant que vous n’y étiez pas favorable. On pourrait se dire que la France pourrait militer pour que les homosexuels soient reconnus…
Tel que vous le présentez, votre raisonnement n’est pas idiot. Nous sommes dans une compétition de la FIFA. Il y a 32 pays qui doivent se comporter de la même façon. On fera ce que nous dit de faire la FIFA.

Jérôme Rothen: Et si Lloris vient vous dire qu’il veut porter le « brassard LGBT » ?
Non il ne le fera pas. Il respectera ce que décide la fédération, l’UEFA et la FIFA. Cela n’empêche pas aux fédérations d’apporter leur aide.

Jean-Louis Tourre: Le « coup de peinture »
C’est une maladresse.

Jean-Louis Tourre: C’est ce que vous avez répondu à France 2 lorsqu’on vous a montré les conditions d’hébergement parfois misérables des employés qui vont travailler au Qatar dans l’hôtel de l’équipe de France. Vous avez répondu: « Ce n’est pas insalubre, c’est juste un coup de peinture ». La ministre des Sports a été choquée et vous avez diligenté une mission sur place pour faire des vérifications. Vous regrettez ces paroles ?
Je l’ai déjà dit. Lorsque vous interrogez quelqu’un, s’il est sincère, à un moment il va déraper. Ou je me bloque complètement. Je suis bien élevé et je vais répondre gentiment ou alors je me laisse aller parce que c’est ma façon de procéder. Dans un reportage comme ça, à force de « Qatar, Qatar, Qatar », voilà c’est une maladresse terrible. Mais on est le seul pays à avoir envoyé une délégation. Notre rapport est très encourageant. On ne voit pas tout: l’hôtel est magnifique, avec un stade d’entraînement pas très loin.

« Deschamps, s’il est dans le dernier carré, il décidera »

Jean-Louis Tourre: Pour la première fois avec vous, le sélectionneur n’est pas déjà reconduit.
Jérôme Rothen: C’est rare avant une grande compétition.

Je peux vous trouver plein d’exemples.

Jérôme Rothen: J’ai connu cela avec Jacques Santini à l’époque, et ce n’était pas une réussite. Pourtant on avait un groupe de joueurs hallucinants. J’étais dedans d’ailleurs.
Je ne vais pas commenter votre carrière, mais vous avez connu l’inverse.

Jérôme Rothen: Un sélectionneur sous contrat qui fait n’importe quoi (Raymond Domenech).
Qui discutait avec un club.

Jérôme Rothen: Qui était nul, en plus.
Ça je vous le laisse…

Jérôme Rothen: Non, Raymond Domenech n’était pas bon.
Je n’étais pas président. J’espère que j’étais influent, sinon comment devenir président de la fédération ? Je pensais qu’il avait fait une Coupe du monde 2006 magnifique et que ce n’était pas de sa faute si on ne l’avait pas gagné.

Jérôme Rothen: Quoi qu’il se passe à la Coupe du monde, je pense que Didier Deschamps va arrêter. Dans son discours, dans son approche, son revirement de position tactique… Je pense qu’il a tout misé sur cette compétition et que, quoi qu’il se passe, il arrêtera.
Ce n’est pas mon souhait. Après l’Euro, la question pouvait se poser, on en a discuté.

Jérôme Rothen: Que s’est-il dit ? Quelles solutions proposait-il pour repartir vers les sommets ?
D’abord, j’avais envie de le garder. Lorsqu’il est venu, j’ai senti qu’il voulait rester. Donc la décision a été rapide. Vous avez le droit de le sentir usé. Moi, je ne le sens pas du tout usé. C’est un type qui travaille beaucoup, qui est modeste. Et les joueurs l’aiment.

Jérôme Rothen: Si vous avez ce ressenti, pourquoi ne pas l’avoir prolongé avant ?
On peut le faire après, pourquoi le prolonger avant ?

Jérôme Rothen: Cela s’est toujours passé ainsi les dernières années.
La réponse lui a toujours appartenu. Il peut y avoir, comme vous dites, une usure. Il peut y avoir une volonté, aussi, s’il gagne, de ne pas rester.

Jérôme Rothen: Mais c’est lui qui va décider ?
S’il est dans le dernier carré, il décidera.

Jérôme Rothen: C’est quelque chose qui m’interpelle. C’est la première fois que je vois ça dans notre société. C’est l’employé qui va décider s’il prolonge son contrat ?
Ce n’est pas un employé normal…

Jérôme Rothen: Mais c’est vous le boss ?
Franchement, oui.

Jean-Louis Tourre: On ne comprend pas bien votre logique…
Vous me dites: « Vous êtes le boss ». Eh bien oui ce n’est pas vous qui l’avez décidé, vous n’auriez peut-être pas voté pour moi.

Jean-Louis Tourre: Mais alors pourquoi c’est le salarié qui décide ?
C’est moi qui ai décidé qu’il aurait la main dans cette situation. Cela ne veut pas dire qu’il restera. S’il me dit: « Noël, je suis fatigué », il ne sera pas reconduit.

Jean-Louis Tourre: Soit la France arrive en demi-finale et il peut décider, soit c’est terminé pour Didier Deschamps ?
J’ai dit que s’il atteignait la demi-finale, la décision lui appartenait. S’il ne l’atteint pas, on discute.

Jean-Louis Tourre: Même s’il ne l’atteint pas, il pourrait rester en poste ?
On ne sait jamais quels sont les candidats éventuels, son envie, la mienne…

Jérôme Rothen: S’il atteint les demies ou qu’il se fait sortir contre une grosse nation en quarts, ou bien qu’il nous arrive quelque chose comme aux Brésiliens en 2014 (défaite 7-1 contre l’Allemagne). Si Didier dit qu’il veut rester, vous allez être en porte-à-faux…
Je ne serai jamais en porte-à-faux avec lui. On a des relations suffisamment saines pour, en cas de débâcle, discuter. Les choses ne seraient évidemment pas les mêmes. Chacun à son idée, vous la vôtre, moi la mienne.

Jérôme Rothen: Je connais la fidélité que vous avez pour Didier Deschamps, vous avez gagné la plus belle des compétitions, les résultats sont fantastiques. C’est difficile pour vous de passer à autre chose. J’ai l’impression que vous avez envie de le garder quoi qu’il se passe.
Ce n’est pas la vérité complète. J’ai de l’affection pour lui en dehors du respect sportif. Que j’aime Deschamps ou non n’intéresse pas la France ni vous. Très franchement, écrire l’histoire avant c’est compliqué, l’écrire après c’est facile.

Jean-Louis Tourre: A-t-il toujours la même motivation pour être sélectionneur de l’équipe de France ?
Aujourd’hui oui. Il a un groupe un peu nouveau.

Jean-Louis Tourre: Cela sonne comme un « non »…
C’est facile de critiquer, laissez-moi répondre. Il y a quand même beaucoup de nouveaux. Vous parliez des milieux de terrain, ce n’est pas si facile de retrouver une équipe cohérente, parce qu’on avait sûrement le meilleur milieu de terrain du monde ou presque, avec la meilleure attaque du monde ou presque. Ce sont des joueurs qu’il faut aimer, intégrer, positionner, motiver. Et ça il sait le faire.

« Zidane ? On verra »

Jérôme Rothen: Avez-vous eu des contacts directs avec Zinedine Zidane ?
Non jamais. Enfin, je l’ai vu au Ballon d’or, mais pas pour parler de l’équipe de France. Cela ne se fait pas. On est dans un métier où tout se sait. Donc vous ne pourrez pas aller voir quelqu’un que vous aimez beaucoup sans contrarier celui qui est en place.

Jérôme Rothen: Si Didier Deschamps arrête, le candidat numéro 1 c’est Zidane ?
On verra.

Jérôme Rothen: Lui en a envie.
Je ne sais pas, je ne l’ai pas encore vu.

Jean-Louis Tourre: Il a toujours parlé de l’équipe de France.
C’est quand même quelqu’un qui a un palmarès assez au-dessus du lot. On ne peut pas parler de lui tant que quelqu’un est en place.

Jérôme Rothen: J’ai été très critique sur vous quand des choses sont sorties publiquement. Je voudrais votre ressenti et votre vérité. Je n’ai pas reconnu la personne que je connaissais.
Ce que vous venez de dire est déjà pas mal…

« Je n’ai pas envoyé de SMS »

Jérôme Rothen: C’est la vérité. Comment avez-vous vécu cette année qui a été difficile ?
J’ai la chance d’avoir des boules Quies d’un côté ou de l’autre, quand je le veux bien. J’ai aussi des sensibilités, cela ne fait pas vraiment plaisir. Sur cette affaire, je vous regarde dans les yeux, je vous le dis, je n’ai rien fait. J’ai porté plainte…

Jean-Louis Tourre: Quelle affaire ? Celle du harcèlement ?
Même pas en rêve, personne.

Jérôme Rothen: Vous n’avez jamais envoyé de SMS ?
Je ne sais même pas les écrire.

Jean-Louis Tourre: Qui a envoyé ces SMS ?
Jérôme Rothen: Vous n’avez pas été piégé ?
Pour le moment, j’ai porté plainte. Je n’ai pas envoyé de SMS. Il n’y a pas de SMS de ma part.

Jean-Louis Tourre: Qui les a envoyés ?
Je m’en fous pour le moment, chaque chose en son temps. Quand j’aurais fait la Coupe du monde, je m’occuperai, tant qu’il convient, pour voir qui m’a fait cette vacherie. Est-ce que c’est quelqu’un qui veut prendre ma place alors que je suis encore élu jusqu’en 2024 ?

Jean-Louis Tourre: Vous pensez que cela peut être un collaborateur de la fédération ?
Ah non je n’ai pas dit ça.

Jean-Louis Tourre: C’est pour être sûr de bien comprendre. Que tout le monde comprenne bien…
Si vous ne comprenez pas du premier coup, c’est embêtant.

Jérôme Rothen: C’est important de dire aux gens que vous n’êtes pas responsable de ces SMS, parce que vous êtes passé aux yeux de tout le monde pour un gros dégueulasse en fait. Donc c’est important…
N’employez pas ces mots-là. Ce n’est pas bien. Comme je vous le dis, effectivement je ne l’ai pas fait. Maintenant, on arrête. J’ai porté plainte. Il y a une enquête en cours et le ministère a fait un audit à la fédération et dans l’environnement de la fédération.

Jérôme Rothen: C’est bien de dire votre vérité. C’est tout.
C’est très bien. Voilà.

Jean-Louis Tourre: Laissons ces SMS de côté, mais ce qui a été décrit par certains confrères, notamment dans l’article de So Foot, et c’est pour cela que cet audit a été lancé, c’est un climat au sein de la fédération…
C’est faux. Franchement, écoutez.

…où les femmes ne peuvent pas travailler sereinement. Il y a cet audit commandé et également une politique d’omerta au sein de la fédération. Vous avez parlé des boules Quies que vous arrivez à mettre pour ne pas faire attention aux polémiques…
Si j’écoutais Jérôme tous les soirs, je serais mal.

…mais est-ce que vous n’avez pas étouffé certaines affaires ou mises certaines sous le tapis en disant que cela se gèrera en interne ?
Aucune. D’abord, maintenant, il y a un audit. Alors soyez sympa d’attendre les deux. Le résultat de l’enquête, parce que j’ai porté plainte. Et ensuite l’audit qui est encore en cours et qui n’est pas fini. Je pense qu’il y aura une réponse pour tout cela dans trois semaines. Après le Qatar.

Jean-Louis Tourre: Est-ce que vous résisterez à cet audit ? Vous serez toujours en poste en janvier ? Parce que vous auriez dit cela à certains présidents de district ou de ligue que vous avez rencontré que vous pensiez que cela serait terminé et que cet audit allait avoir votre tête…
Je ne sais pas à qui j’ai pu dire cela. C’est sûrement un soir où je n’avais pas le moral. Mais je n’ai jamais dit cela. Je dis que je viens d’être élu, il y a peu de temps. Et très largement. Je remplirai la fonction qui est la mienne. Sauf maladie.

« C’est dur de changer quand on a 81 ans »

Jérôme Rothen: Vous avez géré un grand groupe dans votre vie professionnelle…
Écoutez, j’ai quand même été dans le foot depuis pas mal de temps. Pas joueur, je l’ai toujours regretté. Mais j’aurais toujours préféré être entraîneur par moment. J’étais quand même président de Guingamp à l’âge de 29 ou 30 ans. À l’époque, on est passé de DHR à la première division, quand même. Et puis la fédération, j’y suis depuis dix ans. J’ai été à la Ligue dix ans. Je pense bien connaître les rouages du football. Peut-être que, quelques fois, je peux être maladroit en communication.

Jérôme Rothen: Après, c’est peut-être aussi un décalage aujourd’hui avec la société. Je parlais des générations de joueurs qui évoluent, pour moi aussi. Aujourd’hui, il faut faire plus attention aux mots que l’on emploie et comment on les emploie. Parce que sinon cela fait des polémiques.
Je suis d’accord par moments. Je n’ai pas dit que j’avais raison sur tout. Chacun a sa personnalité. Et c’est vraiment dur de changer quand on a 81 ans.

Jean-Louis Tourre: Vous concédez que vous avez eu du mal à appréhender ce changement de société sur certains sujets ?
Non, je ne reconnais rien du tout. Je vais vous dire, on bosse bien à la fédération. Très franchement, on a quand même de bonnes équipes de jeunes. Qui a fait autant de boulot sur les centres de formation en France que nous depuis ces dix dernières années ? Les résultats avec nos moins de 20 ans… Vous êtes d’accord ?

Jean-Louis Tourre: Là-dessus oui. Mais il y a aussi beaucoup d’affaires qui ont eu lieu au sein de la fédération. Il y a eu des gens condamnés.
Quelles affaires ? Sur quoi ?

Jérôme Rothen: Il y a une chose sur laquelle je voudrais revenir. Sur les polémiques, peu importe, vous avez répondu avec votre franchise. Par contre, il y a des affaires avec des gens condamnés en justice ou par vous, et c’est là que j’ai été virulent sur vous. Je vais dire pourquoi, c’est parce que cela touchait l’INF Clairefontaine et que j’ai été formé là-bas. Je me mets à la place des gamins, des petits de 13 ans. J’ai pleuré tous les soirs, parce que cela doit être dur de couper le cordon familial. Il y a eu des attouchements et des propos déplacés de certaines personnes sur des mineurs.
Elles ont été condamnées.

Jean-Louis Tourre: Et même licenciées par la fédération.
Jérôme Rothen: Elles ont été condamnées par la fédération, donc par vous. Par contre, ces personnes travaillent encore dans le football aujourd’hui.
Parce que ces personnes n’ont pas encore été condamnées par la justice.

Jean-Louis Tourre: Mais vous pouvez refuser leurs licences.
Jérôme Rothen: Comment on peut accepter cela ? Président, je trouve cela terrible. Je sais que vous ne pouvez pas l’accepter et c’est pour cela que je ne comprends pas. Je voulais avoir votre version parce que cela me rend fou et je trouve que vous avez fauté sur ce coup.
Bon alors calmez-vous, c’est mieux. Je vais vous dire. Nous, on a fait ce qu’il fallait. Il y a eu une plainte de déposée, le procureur a retenu qu’il n’y avait pas de faute. La fédération ne peut rien faire.

Jean-Louis Tourre: Vous ne pouvez pas refuser l’attribution de la licence à ces gens ?
Non. On serait condamné. Je ne dis pas que c’est bien, mais c’est comme cela. Quand il y a effectivement le procureur qui se saisit et qui condamne, c’est très logique. Mais ce n’est pas le cas.

Jean-Louis Tourre: Concernant la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, quelle est votre relation avec elle ? À RMC Sport, on a décrit le fameux dîner avec les joueurs de l’équipe de France, mardi, comme dans une ambiance assez glaciale entre vous deux…
Non c’est faux. Elle était plutôt intéressée par le foot, ce qui est normal. Moi je l’ai bien accueillie et, quand je suis parti, elle a été forte agréable. Elle a même fait un très bon discours. Je ne suis pas l’homme qu’elle préfère. C’est normal, il y a une enquête, un audit. Elle ne m’a pas sauté au cou, mais elle a été chaleureuse. J’ai même trouvé son discours, et ce n’est pas facile pour quelqu’un qui vient pour la première devant tous ces jeunes hommes, bien construit et agréable.

« Le président de la Ligue vient de faire un exploit »

Jérôme Rothen: Je reviens sur le niveau du football français. Je ne parle pas du niveau de la sélection, on va le constater dans quelques jours, est-ce qu’il vous convient. Le trouvez-vous bien par rapport à d’autres pays ?
On devrait mieux faire. On n’a pas gagné une coupe importante depuis longtemps. On devrait. On a quand même, cette année, plus de clubs qualifiés pour les compétitions. Vous savez, aujourd’hui tout le monde joue la deuxième place. On ne va pas se raconter d’histoires, le PSG est favori. Largement. Ils sont trop forts et ce n’est pas un reproche. Donc ceux qui font deux, trois, quatre ou cinq et qui jouent les coupes, je suis assez content de ce qu’ils font. On est quand même dans une année assez favorable.

Jérôme Rothen: En matière de sécurité, il y a eu des problèmes l’année dernière…
C’est mieux cette année.

Jérôme Rothen: C’est mieux géré ?
C’est mieux géré. On a quand même pris un certain nombre de décisions. Les clubs font très attention. Après, punir c’est facile et ça je n’aime pas. J’ai toujours eu du mal. C’est toujours le plus facile de sanctionner. L’année dernière, il y a eu des débordements extrêmement importants. Il y en a nettement moins cette année. Ou presque pas. Mais c’est le début de saison.

Jérôme Rothen: Mais quand il y a des affaires comme cela, je regrette le manque de communication. Le président de la LFP est aussi responsable et doit monter au créneau. Je ne comprends pas que ce soit un peu Bernardo dans certains cas. Depuis l’année dernière, avec toutes les affaires, il doit prendre les devants et venir s’expliquer. J’imagine les réunions de travail entre vous et lui. Entre un président qui bosse et l’autre qui n’a pas envie de bosser, en l’occurrence le président de la Ligue, on ne l’entend jamais.
Le président de la Ligue vient quand même de faire un exploit.

Jean-Louis Tourre: Vous parlez de l’aspect financier avec l’accord avec CVC…
Oui. Parce que les clubs étaient quand même en difficulté. Et je ne connais pas beaucoup d’hommes qui auraient pu faire ce qu’il a fait.

Jean-Louis Tourre: On a parfois l’impression que son rôle se résume à cela.
Jérôme Rothen: Il faut quand même des passionnés de football non ? Vous, vous êtes passionné de football. Vous aimez participer aux matchs, être sur place et voir l’équipe de France. La preuve, vous allez rester au Qatar pendant toute la durée de la Coupe du monde, vous me l’avez dit. Alors que vous étiez malade en 2018, et n’aviez pas pu rester tout le temps, là, vous allez être là tout le temps. Comment se fait-il que le président de la Ligue ne soit pas là sur la plupart des matchs de Ligue 1 ?
Il est souvent aux matchs.

Jérôme Rothen: Souvent ?
Je pense. Franchement je ne connais pas son calendrier mais je l’apprécie. Il vient d’arriver. Cela fait un an à peu de choses près. Peu d’hommes auraient réussi le coup financier qu’il vient de réaliser. Cela permet aussi aux clubs d’être mieux sportivement parce qu’ils étaient mal. Ils étaient mal.

Jérôme Rothen: L’aspect financier ne règle pas tout.
Je suis tout à fait d’accord. Mais quand vous avez beaucoup de clubs en difficulté financière, ce n’est pas bon pour notre championnat. Je crois que ce qui a été fait est très positif. C’est normal que l’on ne soit pas d’accord, parce que je ne sais pas faire votre métier. Vous sauriez peut-être faire le mien, c’est peut-être plus facile. Mais effectivement, je dis que la qualité du jeu des équipes moyennes est nettement supérieure à l’année dernière.



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Pied droit en or, pas de grigri, pas de chichi, un crochet une frappe et nous fermons le jeu, catenaccio :)