Depuis quelques semaines, l’Arabie saoudite a lancé les grandes manœuvres pour développer son championnat. A coup de millions d’euros, la Saudi Pro League attire les stars de la planète football. L’objectif du Royaume est clair, développer l’image du pays et accueillir à terme une Coupe du monde. L’édition 2034 semble la plus appropriée.

Lundi dernier, au cœur de l’hôtel Four Seasons de Madrid, dans une petite pièce du luxueux complexe, des personnages moins connus du football européen sont présents: des représentants du club saoudien d’Al-Ittihad. Ces derniers finalisent l’accord avec l’attaquant français, Karim Benzema.

Depuis quelques semaines, les dirigeants et agents européens doivent traiter avec ces nouveaux interlocuteurs. En moins d’un mois, l’Arabie saoudite est devenue un acteur central du marché des transferts. Les transactions s’enchaînent. Au même moment, d’autres représentants se servent des clubs saoudiens pour faire monter les enchères en cours.

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Un plan spécial pour le football

Une arrivée surprise? Pas vraiment. Ce plan est mûrement réfléchi. Il y a quelques jours, le président de la Confédération Asiatique de Football (AFC), Salmane ben Ibrahim al-Khalifa avait prévenu. « L’Arabie saoudite arrive en force et nous sommes en train de nous coordonner avec les autres Confédérations et la Fifa pour accueillir la Coupe du monde en 2030 ou en 2034, en accord avec tout le monde, pour que, une fois le dossier déposé, nous soyons confiants à 90% au moins », avait indiqué le patron de l’AFC lors d’une réunion à Beyrouth.

Preuve de l’importance du football pour les responsables saoudiens, c’est carrément un plan de relance qui a été présenté lundi dernier. L’objectif est simple, la Saudi Pro League doit tripler sa valeur marchande pour devenir l’une des dix meilleures ligues du monde. Afin de remplir cet objectif, l’Etat saoudien est à la manœuvre. Certains spécialistes prennent exemple sur le développement du championnat chinois ou indien pour comparer ces investissements massifs. Les situations sont très différentes.

L’Arabie saoudite est sans limite

Le ministre saoudien des Sports est assez clair sur la situation du championnat. Il doit évoluer rapidement. Pour y parvenir, dans les temps, le football passe par les stars, souvent en fin de carrière. Dans le Royaume, le fair-play financier n’existe pas ce qui facilite ce développement « rapide des structures ». « Le projet saoudien dispose de plus de moyens que le Qatar. Il est d’une autre dimension. Il vise d’autres objectifs et à une autre échelle », estime Jean-Baptiste Guégan, spécialiste et professeur en géopolitique du sport.

Les interlocuteurs plus ou moins proches du Qatar ou de l’Arabie saoudite confirment cette donnée. L’Arabie saoudite « est sans limite, la puissance est extrême ce n’est pas du tout comparable », estime une source qatarienne. « Les chiffres des contrats sont complètement fous », poursuit un intermédiaire, présent dans un récent contrat établi avec l’Arabie saoudite. « Le Qatar avait une vision avec le PSG, beIN Sports et cette Coupe du monde, la vraie différence c’est que l’Arabie saoudite a une vision avec le développement en priorité du football sur son sol. C’est totalement différent », poursuit un haut membre de l’organisation de Qatar 2022.

Comme le Qatar, l’Arabie saoudite passe par le sportwashing. Un procédé assez simple qui permet à une nation d’améliorer sa réputation par le sport. L’Arabie saoudite est souvent pointée du doigt pour son bilan en matière des droits humains.

« L’Arabie saoudite est dans une logique de puissance globale. Elle vise une place dans les premiers rangs. Contrairement au Qatar, l’objectif Saoudien doit être compris dans une optique plus large. Ils ne veulent pas exister ou sécuriser leur indépendance et leur souveraineté. Ils veulent peser dans les affaires du monde et continuer à pouvoir le faire. La diversification de l’économie, son ouverture au tourisme et aux divertissements globaux, la dimension de politique intérieure et la question sanitaire sont partagés mais c’est à une autre échelle. L’Arabie saoudite c’est 10 fois plus de richesses, 12 fois plus d’habitants et 120 fois plus de ressortissants ayant la nationalité », estime encoreJean-Baptiste Guégan.

La Coupe du monde comme objectif

Depuis plusieurs mois, des lobbyistes, via un cabinet américain, travaillent de manière très intense sur la candidature de l’Arabie saoudite pour une Coupe du monde. Tout est passé au crible, les infrastructures, les terrains en passant par l’organisation globale de l’événement. L’Arabie saoudite n’est pas (encore) officiellement candidate pour organiser une Coupe du monde. En mars 2022, la visite de Gianni Infantino en Arabie saoudite n’était pas anodine. Officiellement, pour « passer en revue les domaines de coopération et des opportunités potentielles pour le développement futur du football saoudien », officieusement pour parler de la Coupe du monde.

« L’aboutissement pour l’Arabie saoudite c’est la Coupe du monde et une candidature aux Jeux olympiques conjointes ou non. Ils veulent et promettent le summum sportif. À leur population et au monde. Leur stratégie d’influence et d’entrisme dans les fédérations etc est comparable aux politiques menées par le Qatar et les Emirats arabes unis. Ils rêvent donc de les atteindre. Mais la concurrence est et sera rude. L’Arabie saoudite surprendra-t-elle comme le Qatar l’avait fait? On verra. Il est difficile de surprendre le monde plus d’une fois », complète Jean-Baptiste Guégan. Le maitre mot pour convaincre les occidentaux est d’affirmer que l’Arabie saoudite a « beaucoup changé ». Sur la communication, Qatariens et Saoudiens sont très proches.

2034, la fenêtre de tir parfaite

La concurrence s’annonce rude pour l’organisation du Mondial 2030. L’Argentine, l’Uruguay, le Chili et le Paraguay sont présents pour organiser la compétition afin « d’honorer la mémoire du centenaire » de la première Coupe du monde en 1930 à Montevideo. Autres candidats, dossier favori pour plusieurs membres de la FIFA, le Maroc, l’Espagne et le Portugal. Avec la présence marocaine dans ce dossier, les pays africains devraient voter en nombre pour cette candidature. Une mauvaise nouvelle pour l’Arabie saoudite qui a longtemps espéré se présenter aux côtés de l’Egypte. Ces derniers semblent abandonner ce projet pour le moment. Les raisons sont multiples mais surtout économique.

2034 apparaît comme une option plus sérieuse pour les Saoudiens. Cela laisserait plus de temps au Royaume afin de se préparer à la réception de cet événement international. Plus de temps, aussi, pour convaincre des partenaires régionaux dans l’accompagnement de cette compétition. Autre donnée importante, cela laisserait deux éditions de la Coupe du monde entre celle organisée au Qatar et une potentielle organisation en Arabie saoudite, dans la même région du monde. Enfin, il faut éviter de se froisser avec ses voisins. Si par magie, une candidature commune, avec d’autres pays du coin, venait à se produire. Selon les informations de RMC Sport, le pays hôte de la Coupe du monde 2030 sera connu au troisième trimestre 2024. Avec un dossier saoudien parmi les candidats?



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