Andy Diouf, 19 ans et nouvel international Espoirs français, est prêté par Rennes au FC Bâle cette saison. Le milieu de terrain, devenu cadre avec le club suisse, s’est confié à RMC Sport, en marge du quart de finale aller de Ligue Europa Conférence contre Nice (ce jeudi, 21 heures).
Andy, tu peux nous parler de ta saison avec le FC Bâle ? Tu exploses, tes statistiques sont bonnes, ton nom circule un petit peu partout, mais parle-nous du plaisir que tu prends avec cette équipe…
Mon arrivée à Bâle s’est rapidement concrétisée, après l’Euro U19 l’été dernier. J’ai tout de suite été bien intégré par le groupe. J’ai retrouvé quatre ou cinq français, ça aide quand tu arrives à l’étranger, surtout quand tu sors de ta zone de confort pour la première fois. Je n’avais connu que la France, que Rennes, mais ça s’est vraiment bien passé. Ce qui m’a facilité les choses, c’est que j’ai joué directement. J’ai créé des affinités sur le terrain qui m’ont aidées dans la vie avec les autres.
Ton poste semble avoir évolué au fil des années, par rapport à celui que tu avais à Rennes et en réserve…
C’est vrai que de formation, je suis un relayeur. Un numéro 8 voire un numéro 10, mais je suis un joueur à vocation offensive. Cette saison, j’ai appris à jouer un peu plus bas, dans un 4-4-2 avec deux milieux à plat. C’est vrai qu’avant, je ne pouvais pas trop jouer dans cette position parce que je n’étais pas très bon défensivement. J’ai beaucoup progressé là-dessus cette saison, donc je suis un milieu de terrain plus complet qui peut occuper tous les rôles.
Ton arrivée à Bâle a complété ta palette : tu es capable de marquer, de faire des passes décisives, d’assurer une forme de protection devant la défense.
J’ai appris à être complet, même si je trouve que je l’étais déjà. Mais j’avais besoin de temps de jeu pour progresser là-dessus. À Rennes, c’est ce qu’il me manquait, donc je ne pouvais pas montrer tous les aspects de mon jeu parce que je n’étais pas prêt physiquement pour le faire. Mais j’étais persuadé que je pouvais le faire avec le temps de jeu que j’ai à Bâle.
« J’ai senti que si je faisais bien les choses et que j’appliquais ce qu’ils attendaient de moi, j’allais avoir du temps de jeu »
Est-ce le discours du coach (Alexander Frei à l’époque, ndlr) qui t’a convaincu de signer à Bâle ? Tu parles de temps de jeu, on imagine que tu avais des garanties à ce niveau-là à ton arrivée. Etait-ce la principale motivation ?
Oui, quand j’étais à l’Euro, j’ai eu un appel avec le coach et les dirigeants de Bâle. On n’a jamais de garanties de temps de jeu, mais j’ai senti que si je faisais bien les choses et que j’appliquais ce qu’ils attendaient de moi, j’allais en avoir. C’est pour ça que j’ai foncé, je n’ai pas réfléchi.
Tu ne t’es pas dit qu’aller en Suisse, un championnat moins médiatisé, moins regardé, moins estimé par certains, ça pouvait faire baisser ta cote ?
Franchement, au contraire. Aujourd’hui, ma cote a même augmenté : je suis allé en Espoirs. J’étais confiant là-dessus, je savais que c’est ce qui était de mieux à faire pour ma progression, même si c’est moins médiatisé que la Ligue 1. Mais le FC Bâle reste un grand club qui joue l’Europe et a de la visibilité. Ce n’est pas comme si j’étais dans un club inconnu qui ne joue pas l’Europe : ça reste le FC Bâle.
Qu’est-ce que tu peux dire du championnat suisse et des différences avec la Ligue 1 ?
C’est un championnat où il y a moins d’équipes (10, ndlr), on s’affronte quatre fois dans la saison. Du coup, à la fin, tu connais presque tous tes adversaires. Mais franchement, j’ai été surpris parce que je ne m’attendais pas à ce niveau et il y a vraiment de bonnes équipes comme les Young Boys, Bâle, Zurich… Il y a des équipes qui jouent au ballon. C’est un championnat athlétique, aussi, mais moins que la Ligue 1. Il y a une moindre intensité en Suisse.
« Mon idole depuis petit c’est Messi »
Quels sont tes axes de progression, les domaines dans lesquels tu dois encore appuyer ?
Les mêmes que l’on me répète depuis que je suis petit, en U15, U16 : je pourrais être plus décisif, même si j’ai commencé à l’être avec deux buts et cinq passes décisives. Mais dans chaque match, j’ai des situations pour marquer et faire des passes que je pourrais mieux exploiter. Aussi, d’un point de vue défensif, je pourrais être plus dur et récupérer plus de ballons, notamment sur les contre-efforts où je pourrais mettre davantage d’intensité.
Eduardo Camavinga nous parlait en interview de ses idoles. Toi, tu as grandi en regardant qui ? Quels sont les joueurs qui t’ont inspiré ? Yann M’Vila au Stade Rennais peut-être ?
Je ne suis pas Rennais de base, je suis Parisien… Mais mon idole depuis petit c’est Messi, parce que je supporte le Barça et Messi, avec son pied gauche, comme moi. Même si ce n’est pas le même poste, je me suis inspiré de lui, et de Pogba comme tous les jeunes milieux parisiens : son style, sa dégaine, sa manière de jouer… On est tous inspirés par Pogba. J’aime bien les milieux comme Yaya Touré aussi, que j’apprécie et que je regarde tous les jours. Et comme de base, je suis un milieu offensif, j’ai beaucoup regardé Ben Arfa pendant mon enfance, en plus de Messi.
À quel style de rencontre vous attendez-vous jeudi contre l’OGC Nice ?
On sait que c’est une équipe qui joue et qui va vite devant. Il y a des joueurs créatifs au milieu de terrain. Il va falloir être attentif parce que ça peut aller très vite en contre. Ils sont aussi capables de garder la balle et d’avoir de longs temps de possession.
« J’avais vu que Rennes était intéressé pour me reprendre, mais aujourd’hui, c’est Bâle qui a l’option et qui décide »
Ça n’a pas toujours été simple en Ligue Europa Conférence cette saison (Bâle a fini 2e de son groupe, puis a dû passer les tirs au but pour éliminer le Slovan Bratislava en huitièmes), mais vous faites votre trou et continuez à avancer. C’est un bel objectif et une belle vitrine pour tout le monde ?
C’est vrai que c’est toujours bien de jouer l’Europe, ça nous permet d’enchaîner des matchs tous les trois jours. Et tu sens que quand tu joues l’Europe, tu as toujours un petit plus d’énergie, tu veux mieux faire les choses parce qu’il y a une visibilité plus importante et on attend dans ce genre de matchs-là. Je suis impatient de continuer et d’aller le plus loin possible avec Bâle.
Tu as des potes qui jouent à Nice ? Si oui, tu as pu échanger avec eux ces dernières heures ?
Je n’ai pas trop de potes qui jouent à Nice, non. Je connais des joueurs parce que je viens de France, mais je ne suis pas en contact avec des joueurs niçois. Mais je sais que d’autres joueurs de l’équipe qui jouaient à Nice avant ont des contacts.
Tu es prêté à Bâle, ça se passe bien… C’est bien parti pour continuer la saison prochaine finalement ?
Il y aura des discussions à la fin de la saison. Pour l’instant honnêtement, je ne me prends pas trop la tête avec ça. Je suis concentré sur les échéances en coupe et en championnat.
« Le Sénégal, c’est le pays de mon père, et mon pays aussi »
Parle-nous de tes premiers pas avec les Espoirs dans le groupe de Sylvain Ripoll, qui n’étaient pas forcément attendus puisque tu profites d’une blessure…
On m’a bien accueilli, c’est un groupe de jeunes, on est tous dans le même « mood ». J’ai retrouvé des gens de ma génération, des Rennais, ce qui a facilité mon adaptation. C’était une bonne expérience, j’ai pu ressentir que le niveau des entraînements était supérieur à celui des U20. Je me suis bien adapté à ça. Mais même si je n’ai pas beaucoup joué, je retiens le positif, parce que si vous m’aviez dit l’année dernière que je serai en Espoirs, qui l’aurait cru ?
L’appétit vient en mangeant… Il y a l’Euro Espoirs qui arrive !
Il y a l’Euro, il y a la Coupe du monde U20 aussi. C’est sûr qu’après avoir goûté aux Espoirs, ce serait bien de faire l’Euro. J’aimerais bien faire une compétition de chaque catégorie. D’autant plus qu’on est resté sur notre faim à l’Euro U19 l’année dernière (défaite contre Israël en demi-finales, ndlr). Que je fasse l’Euro Espoirs ou la Coupe du monde U20, ce sera une bonne nouvelle et j’y irai à fond.
Les JO arrivent en 2024 à la maison, est-ce que tu y penses déjà ?
On y pense et le sélectionneur nous en parle aussi. On sait que notre génération va y participer, donc on est préparé à ça même si l’échéance est plus lointaine.
Tu as la double nationalité et pourrais jouer pour le Sénégal. Ton choix est-il fait ?
Non, pour être honnête, mon choix n’est pas du tout fait. Je me suis rarement posé la question, ni même avec mon entourage. Je me suis toujours laissé le temps. Je n’ai pas encore eu de choix à faire, mais je sais qu’il y en aura un dans le futur. Pour l’instant, je me focalise sur la fin de saison. Le Sénégal, c’est le pays de mon père, et mon pays aussi. Quand le Sénégal joue, je regarde les matchs, j’ai de la famille là-bas, j’y vais en vacances…. Ça fait partie de moi.
Source link
rmcsport.bfmtv.com #Suisse #cest #qui #était #mieux #faire #pour #progression #juge #Andy #Diouf