A seulement 21 ans, Lucas Chevalier s’est imposé dans les buts du Losc et s’affirme comme l’un des meilleurs gardiens de Ligue 1. Avant d’aborder le derby face à Lens, samedi (17h) pour le compte de la 26e journée de Ligue 1, le natif de Calais s’est confié sur son parcours, ses racines dans le Nord, les conseils de Mike Maignan et l’équipe de France.
Lucas, tout va très vite pour vous. Vous êtes passé de la Ligue 2 avec Valenciennes à une place de titulaire au Losc en à peine un an et demi. Et vous semblez assumer totalement cette rapide ascension ?
À chaque début d’année, j’essaie de faire un bilan de la saison écoulée et c’est sûr qu’il y a eu une belle évolution, une assez belle progression… ça veut dire que j’avance et que je suis performant et que je fais des choses assez sympas sur le terrain. Je suis très content que cela se passe comme ça. Je n’aurais pas rêvé mieux. En plus ça a été très bien fait avec mon prêt à Valenciennes (la saison dernière) avec l’objectif de revenir à Lille, en tant que numéro un. J’ai attendu et j’ai eu ma chance à la septième journée (au Vélodrome face à Marseille). Ça va vite, mais maintenant qu’on y est, il n’y a pas le choix, il faut avancer.
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En fin de saison dernière, les supporters de Lille voulaient que vous soyez titulaire dans le but dès le début de saison. Ça a été difficile à gérer?
Les supporters lillois avaient vu ma saison à Valenciennes. Il y a eu une demande de leur part pour que je joue avec le Losc. Moi aussi, je ne vais pas le cacher. Mais vis-à-vis de Léo Jardim qui était numéro un, ça me mettait un peu mal à l’aise parce que c’est lui qui jouait et qu’il y avait des chants à mon égard. Il fallait que je fasse profil bas par respect aussi, pour Léo, les coachs et les coéquipiers. J’ai essayé d’être le plus neutre possible, d’attendre, et j’ai bien bossé. C’est sûr que ça a rajouté une petite pression car au moment où j’ai commencé à Marseille il y avait une pression de premier match mais aussi de performance. Les supporters lillois m’attendaient comme un espoir. En fait, il fallait que je sois bon tout de suite pour que je leur donne raison. Ça s’est bien passé, j’en suis content et ça fait partie de l’histoire.
À ce poste, c’est une grosse pression pour un jeune joueur non ?
Oui, à ce moment-là, je n’avais que 20 ans. Ce n’était pas évident. Avec ma famille, j’essayais de rester dans ma bulle. Quand j’ai su que j’allais jouer contre Marseille, mon état d’esprit a changé et je me suis dit que je rentrais dans une nouvelle étape dans ma vie. J’ai dû gérer ça personnellement, avec mes proches et faire abstraction de tout ce qu’il y avait autour. Et malgré la défaite à Marseille (2-1), j’étais satisfait, et soulagé que ça se soit bien passé et que je puisse regarder vers l’avant.
Vous sentez qu’il y a une « hype » autour de vous au niveau des médias, mais aussi dans le milieu du football. Avec les retraites internationales d’Hugo Lloris et Steve Mandanda, on se dit qu’il y a peut-être de la place pour vous…
Je pense que je dois être le gardien le plus jeune de la Ligue 1 et qui, en plus, joue dans un club comme Lille, ça attire l’œil. Je crois en mes qualités, j’essaye d’aider l’équipe avec un coach qui demande des choses très particulières. Des choses qu’aucune équipe de Ligue 1 ne fait je pense (les relances au sol systématiques en partant du gardien, ndlr). C’est risqué mais c’est aussi être intelligent quand tu es jeune et que tu débutes. Tu dois respecter un plan jeu mais tu penses aussi à toi aussi, parce que tu commences. Il faut te mettre en confiance pour ensuite performer. J’ai dû avoir quelques matchs d’adaptation pour mettre en place le jeu que le coach demandait, et je le fais de mieux en mieux. Et oui il y a peut-être une petite « hype » mais après c’est le métier qui veut ça, c’est l’évolution, on ne peut pas passer à côté de ça et j’en suis ravi. C’est une « hype » positive. Peut-être qu’il y aura des « hype » négatives à un moment donné : la vie de footballeur, ce n’est pas que des hauts.
Il y en a un qui vous surveille de près, c’est Mike Maignan que vous avez connu au Losc. Il vous envoie toujours des messages depuis Milan?
J’ai souvent droit à des débriefs de sa part. Comme il était blessé dernièrement, il a eu le temps de regarder mes matchs. Après les rencontres, quand je rentre dans le vestiaire, j’ai droit à des messages. On peut débattre de ce que j’ai fait sur le terrain. Ce que j’ai bien fait et ce que j’ai mal fait. Les choses à améliorer et les choses que les gens ne voient même pas mais que nous pouvons rectifier. Des petits détails importants qui font la différence. On est souvent en contact.
Le rêve serait d’être avec Mike en équipe de France ?
C’est sûr que ça serait une superbe anecdote d’avoir commencé ici à Lille avec lui. Ça serait symbolique pour lui, pour moi, mais aussi pour les supporters et le club.
Vous êtes l’un des rares Nordistes dans l’équipe. Vous avez prolongé jusqu’en 2027. Il y a une histoire d’amour entre vous et Losc?
C’est une sacrée histoire puisque je suis arrivé à l’âge de 12 ans et demi. Quand je pense à ces années-là, au fil du temps tu connais des coéquipiers. Il y en a qui partent et d’autres qui y arrivent. Tu connais un tas de joueurs et à la fin, tu te rends compte qu’il y en n’a pas beaucoup qui réussissent. Tu t’en rends compte plus tard après tout le chemin parcouru, avec les nombreux matchs joués sur des « bourbiers », etc…. Mais ça passe par là et en y repensant, ça a été magnifique. Le Losc ça a toujours été mon club de cœur même si ce n’était pas le cas de ma famille.
C’est le paradoxe, car votre famille est plutôt supportrice de Lens, et vous comment êtes-vous devenu supporter de Lille?
En fait, je suis originaire de Calais et autour il n’y a pas de club majeur, que ce soit en Ligue 1 ou Ligue 2. Il y a des clubs en National ou en-dessous, ceux de Dunkerque et Boulogne-sur-Mer par exemple. On se rend compte qu’on est pas autour d’un grand club comme Lille ou Lens. Après c’est le feeling, on va supporter une équipe et on ne sait pas pourquoi, ça vient, on les regarde, on apprécie le jeu, on aime bien les couleurs…
Le doublé du Losc en 2011 a joué dans votre choix?
Je m’en souviens, j’avais 10 ans et c’est le début où tu commences à prendre conscience du football. Ça jouait bien, il y avait des joueurs comme Hazard. Et avant j’ai adoré Michel Bastos, c’était mon idole. Ce sont des joueurs qui te marquent quand tu es jeune. Le fait que Michel Bastos soit assimilé au Losc. Dans mon quartier, il y avait deux voisins également frères, l’un était pour Lens et l’autre pour Lille, comme mon frère et moi. Et Rémi, mon frère était plus Lens et moi Lille et ça faisait des deux contre deux. C’était marrant, on se tirait la bourre et on se narguait lors des derbys. Voilà ça fait partie de l’histoire et je suis content que ça se soit passé comme ça.
Comment ça se passe aujourd’hui ? Votre famille a toujours un œil sur Lens ou uniquement sur vous à Lille ?
Non, la famille n’est plus lensoise c’est fini. Mon père aimait beaucoup Lens à la fin des années 90 lorsqu’ils ont été champions de France (1998), il aimait bien cette équipe. Mon frère lui a évolué à Lens entre 13 et 16 ans, il a joué pour le Racing Club de Lens. Dans ma famille, tous étaient pour Lens en fait, ça n’a jamais été Lille au final. Il y en a toujours qui supportent Lens (rires) mais après on va dire que mon cocon familial, avec mes parents, c’est le Losc à 100 %.
On peut faire le rapprochement avec les frères Hazard, Eden a été formé à Lille et Thorgan à Lens? Et votre famille est originaire du Pas-de-Calais, qui est le département de Lens…
On n’a pas de haine de quoi que ce soit. Moi je suis plaqué 62 (département du Pas-de-Calais), à chaque fois je me prends des remarques (rires) t’es un 62, oui, je suis peut-être Lillois mais je n’oublie pas non plus d’où je viens : c’est le 62 à Calais.
Quelles sont vos ambitions et celles du Losc ? On parle beaucoup d’Europe pour la saison prochaine et vu votre qualité de jeu, l’objectif semble possible?
C’est sûr qu’au vu de l’effectif, les gens nous sentent capables en fait. Avec ce que l’on montre sur le terrain, on a les qualités pour l’être. Après, est-ce qu’on le sera, je ne sais pas, je l’espère. Le club a toujours cette ambition de jouer l’Europe. Il y a l’effectif, le coach, on sait très bien qu’on a les capacités. Après le foot n’est jamais facile, on ne peut jamais dire à l’avance ce qu’il va se passer mais c’est sûr que c’est une chose sur laquelle on peut se fixer. J’espère sincèrement qu’on le sera mais ça dépendra de nos résultats prochainement puisqu’il y aura des confrontations directes.
Tout le monde reconnaît le beau jeu du LOSC, mais les petites erreurs à répétition vous coûtent beaucoup de points, non?
Je pense que l’on est déjà une équipe très jeune. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui ont joué 7-8 ans au plus haut niveau. Du coup on a peut-être cette perte de concentration, des petits détails qui font qu’on se complique le match et c’est dommage. Quand je m’analyse sur les matches, j’analyse aussi les buts que je prends et c’est sûr que récemment, les buts que l’on a pris, c’était souvent sur des fautes flagrantes et évitables. Ce n’est pas l’équipe d’en face qui nous a fait tourner et qui a trouvé la faille. Voilà, il reste des matchs, Des choses à gommer. Je pense à Rennes aussi, où l’on prend un but au bout de 30 secondes même si on l’emporte. En fait, ça aurait pu se passer vraiment différemment. Il faut essayer de gommer ces erreurs défensives. Et je pense qu’offensivement on peut être un peu plus efficace par moment. On est jeunes, on a besoin peut-être d’un peu de temps d’adaptation et j’espère que l’on deviendra un peu plus matures et « tueurs » quoi.
Quels sont les gardiens de but qui vous ont marqué ?
Quand j’étais jeune, j’aimais bien m’assimiler à des gardiens auquel mon style fait référence. Plus jeune, j’étais plus petit et plus frêle et je sautais partout. À cette époque-là, c’était Hugo Lloris qui faisait son éclosion à l’OGC Nice et qui ensuite a rejoint l’Olympique Lyonnais. Forcément c’est un gardien que j’appréciais, il était très jeune et moi j’avais des qualités un peu similaires aux siennes, le même style de jeu. C’est quelqu’un que j’aimais beaucoup regarder. Aujourd’hui, j’ai évolué. J’ai pris un peu de taille et un peu de poids et je joue différemment que ce genre de gardien. Quand j’étais plus jeune, c’était Hugo. Je n’ai pas forcément d’idole à l’heure actuelle, mais j’essaye d’aller piocher un peu partout le meilleur de tout le monde pour essayer d’être le plus complet possible au final.
Pour annoncer sa retraite internationale, Hugo Lloris, vous a cité parmi les gardiens qui pourraient un jour, porter les couleurs de l’équipe de France. Quel est votre sentiment ?
Ça m’a touché. Je ne m’y attendais pas et je ne savais pas qu’il me connaissait. Tout compte fait, c’est une légende et ça fait chaud au cœur qu’il ait pris le temps de me regarder, d’avoir des infos sur moi car tu ne balances pas un nom comme ça au hasard dans ce genre d’interview. Ça m’a fait chaud au cœur, mais ça ne m’a pas perturbé et je suis resté le même. Mais oui ça m’a flatté.
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