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EXCLU RMC SPORT – A 45 ans, Cris s’apprête à entamer sa deuxième saison sur le banc du Mans FC après avoir connu un dernier exercice mitigé terminé à la 10e place. A une semaine de la reprise du championnat de National (face à Dunkerque), « le Policier » fait le point sur son nouveau métier d’entraîneur, évoque son défi au Mans, revient sur l’été lyonnais et s’exprime sur Neymar et Christophe Galtier, deux personnes qu’il connaît bien.

Cris, vous allez débuter une seconde saison sur le banc d’une équipe pro avec Le Mans en tant qu’entraîneur après des années à GOAL ou chez les jeunes de l’OL, en quoi sentez-vous avoir pris en expérience?

On apprend à chaque décision, dans l’échange avec les joueurs et le staff, dans le vestiaire. Nous sommes en troisième division et on doit s’y adapter. Je vais parfois mettre des choses en pensant que les joueurs vont comprendre tout de suite mais il faut leur montrer, les guider, ils ont besoin d’un accompagnement plus proche que pour un club de Ligue 1. Je dois prendre du recul pour expliquer comme il le faut voire arrêter les entraînements s’il le faut pour que mes joueurs comprennent mieux ce que je demande.

Vous apprenez à corriger des erreurs que vous avez peut-être commises lors de vos premières expériences ?

Des erreurs, on en fera toujours que ce soit un jeune entraîneur ou un expérimenté. Chaque année, c’est un effectif différent, je dois m’adapter. La saison dernière était assez compliquée avec des hauts et des bas. Cette saison on veut travailler dans la continuité, on a repris plus tôt, on se prépare différemment.

Vous êtes inspiré par d’autres entraîneurs, que vous avez peut-être croisés lors de votre carrière de joueur ?

Mes entraîneurs étaient mes profs. J’en ai eu pas mal et que ce soit des bons ou des mauvais, il y a un peu de chacun qui me reste en tête, c’est ce qui me fait grandir. Dans tout ce qui est communication, dans l’échange avec les joueurs, Gérard Houllier m’a marqué. Pour ce qui est de l’agressivité sur le terrain, ce serait plutôt Luiz Felipe Scolari qui a été champion du monde avec le Brésil. (Vanderlei) Luxembourgo, l’ancien entraîneur du Real Madrid, c’était la tactique. J’essaie de prendre de chacun pour apporter quelque chose à mes joueurs.

Vous arrive-t-il de vouloir entrer sur le terrain pour aider vos joueurs ?

Surtout quand on prend un but (rires). Je suis de l’autre côté maintenant et même si de temps en temps je pense comme un joueur, j’essaie de couper. J’ai vécu vingt ans sur le terrain comme joueur, forcément que j’ai parfois envie de rentrer mais je dois désormais les orienter. Des fois, je me dis que c’est facile pour moi parce que j’ai déjà vécu une telle situation, eux non. C’est là que je dois être le manager, je dois leur expliquer, être patient. Le coach aujourd’hui se doit d’être proche des joueurs.

Qui est le coach référence aujourd’hui à vos yeux ?

Je suis fan de Pep Guardiola, de sa manière de travailler. C’est un coach qui prend des risques, n’a pas peur de jouer, change son équipe avec les mêmes joueurs… Je regarde beaucoup les matchs de Manchester City, je regardais ceux du Barça ou du Bayern avant ça. J’essaie d’apprendre et de comprendre.

Le National est un championnat particulier où les clubs engagent beaucoup de joueurs en prêt, ça a été le cas du Mans l’an dernier, comment se projeter dans ces conditions ?

Quand ça fonctionne, on va dire que le joueur est venu, a été décisif et est reparti en Ligue 2 ou Ligue 1. En revanche, on en parle plus quand ça ne marche pas. On va être déçu, se dire qu’il n’a pas tout donné parce qu’il va retourner dans son club avec lequel il est sous contrat. Malheureusement, la saison dernière ça n’a pas marché, on a tout fait pour que ça marche mais l’équipe ne s’est pas trouvée. Cette année, c’est différent, nous n’avons qu’un joueur prêté. On verra.

Avec une 3e place qui n’est plus barragiste et six descentes, vous serez plus sous pression cette saison ?

Il y a déjà une pression par rapport à l’histoire de ce club, à ces infrastructures comme le stade que nous possédons (Le MMArena vient d’être renommé Stade Marie-Marvingt), au recrutement aussi. Je suis super content sur ce point, j’ai eu tous les joueurs que j’ai demandé, on a ramené le meilleur joueur et un des meilleurs buteurs du championnat de National la saison dernière (Fahd El Khoumisti est arrivé libre de Concarneau) donc oui la responsabilité est là. Si vous me demandez si l’objectif est de monter je vous réponds non. L’objectif c’est de trouver des automatismes et créer une équipe compétitive. Petit à petit, je penserai à la montée.

Le mercato est clos ?

On a notre défenseur Alexandre Laurey qui est blessé au ligament croisé donc il va rester six mois en rééducation donc si on a un besoin aujourd’hui ce sera un défenseur axial-droit pour combler cette perte. On ne peut pas se précipiter pour autant, on a peu de temps mais on va travailler, on va analyser.

L’idée de faire revenir d’anciens du club pour l’aider à monter en Ligue 2 a été abordée avec Thierry Gomez, votre président, Mathieu Coutadeur notamment ?

On était en discussion avec Coutadeur, je l’ai eu au téléphone, on a parlé. Il pouvait monter en Ligue 1 avec Ajaccio donc il a été très clair. On l’a bien compris, je suis d’accord avec sa décision. Sa famille est d’ici aussi donc il m’a affirmé son désir de revenir au club pour l’aider, on en a discuté puis il a fait son choix, la page est tournée.

On parle d’eux car à Lyon ils sont de retour. Lacazette que vous avez d’ailleurs vu grandir à l’OL, Tolisso, on ne vous a pas sondé pour revenir ?

Non pas du tout. Ce qui est étonnant c’est que depuis mon arrivée à Lyon c’est la deuxième fois que des anciens reviennent. La première fois c’était Patrick Müller. C’est bien que les joueurs reviennent à la maison. Lacazette et Tolisso savent ce qu’ils peuvent apporter, ce sont deux joueurs qui ont marqué l’histoire du club, ils peuvent faire du bien, on verra sur le terrain si c’était un bon choix. Ils connaissent le club et vont venir avec un nouveau statut. Ils ne seront plus les chouchous de la maison mais auront des responsabilités.

Quand vous étiez au club vous avez vu des joueurs comme Karim Benzema arriver, il était entouré de joueurs expérimentés. C’est ce qui manquait à l’OL ces dernières années ?

Il manquait un peu de leaders dans le vestiaire. Lacazette, Tolisso qui est champion du monde, ils peuvent apporter pas mal de choses aux joueurs comme Caqueret qui font partie des jeunes ayant besoin d’être guidés pour passer un cap.

Vous aviez regretté la façon de faire de Jean-Michel Aulas au moment de votre départ en 2012 (le Président voulait faire partir les pharaons et les dinosaures), êtes-vous toujours en relation ?

Je n’ai rien contre le président. Il a défendu son club, cela fait partie du football, du business mais quand on se rencontre, on discute. Aujourd’hui, avec maturité, c’est plus facile de comprendre.

Il cherche à passer le relais, quelle image garderez-vous de lui ?

Je pense qu’il a tout changé dans le foot français, chez les hommes comme chez les femmes. Comme personne et comme président, il va rester dans la mémoire de tout le monde car il s’est battu pour son club mais aussi pour faire progresser le championnat français ou pour les équipes qualifiées en Coupe d’Europe. C’était le meilleur président que j’ai eu, un président présent, qui sait faire, son palmarès parle pour lui.

Un nouvel investisseur arrive, cela vous inquiète ?

Non, je pense que cela peut changer certaines choses. Lyon restera le club de Jean-Michel Aulas mais il faut savoir passer à autre chose. Un cycle va peut-être se fermer, un autre va s’ouvrir, peut être avec des ambitions différentes. C’est un risque mais si le président Aulas l’a décidé, c’est qu’il sent que c’est le moment de le faire.

Un jeune Lyonnais impressionne, à votre ancien poste, il s’agit de Castello Lukeba…

Je le vois aller loin. Il a de la qualité, il est sérieux mais surtout il aime défendre. J’aime les défenseurs qui ont pour premier objectif de défendre. Aujourd’hui certains veulent faire le travail d’un milieu de terrain, des transversales, des passes décisives… Lui est concentré, je vois loin pour lui.

Le destin lyonnais de votre compatriote Lucas Paqueta s’écrit en pointillés, l’OL doit-il le conserver ?

Oui mais est-ce que Lyon va faire les efforts pour le conserver ? Il jouera la Coupe du Monde avec le Brésil, il a fait une bonne saison dernière, il a des propositions. Voir Paqueta, Lacazette, Tolisso, Caqueret jouer ensemble pour l’équipe ça ferait du bien mais la question c’est pourront-ils le garder ?

Avez-vous toujours des contacts avec votre ami Juninho ?

On se parle au téléphone et on s’envoie des messages de temps en temps oui.

Pensez-vous qu’il rebondira après cette aventure qui ne s’est pas très bien terminée à Lyon ?

Il est intelligent, il prend son temps. Le foot est un objectif pour lui, comme directeur sportif ou coach. Il va revenir car Juninho ne lâche jamais.

Autre Brésilien, Neymar a été critiqué ces derniers temps, il a traversé une période compliquée au Paris-Saint-Germain qui a même songé à s’en débarrasser. Quel regard portez-vous sur le joueur et l’homme ?

Neymar c’est (il marque un temps d’arrêt puis sourit). Pour moi, c’est la joie. Il joue avec du plaisir, il fait la différence, chaque année il marque des buts, c’est un joueur extraordinaire. Il faut l’analyser, le faire jouer à son poste. C’est le joueur le plus important de l’équipe nationale, un des capitaines. Les critiques sont parfois trop dures. Regardez ce qu’il fait pour le foot, son palmarès, ils sont peu à en avoir un comme le sien. Que ce soit en Europe ou au Brésil il est critiqué mais en équipe nationale il fait tout le temps la différence avec qui il a pratiquement tout gagné. La seule chose sur laquelle on peut le critiquer c’est peut-être son hygiène de vie, ce qu’il fait hors du terrain mais on doit analyser ce qu’il fait sur le terrain.

Ce sera à Christophe Galtier de trouver la clé pour tirer le meilleur de lui ?

J’ai eu Christophe Galtier comme adjoint (à Lyon en 2007-08), je sais qu’il va lui faire du bien. Il va savoir le contrôler mais Neymar a une vie que l’on connait tous. Il habite avec ses copains, ses amis d’enfance mais pour moi sur le terrain il fait son job.

Justement, venons-en à Christophe Galtier, lui aussi a fait naître des doutes chez certains observateurs, quant à sa capacité à gérer le PSG. Le pensez-vous capable d’être à la tête d’un tel club et de le faire gagner ?

Oui, je pense qu’il a déjà montré ses qualités dans tous les clubs par lesquels il est passé. Pourquoi ne pas lui donner une chance ? Il a les épaules pour assumer un effectif avec Neymar, Messi, Ramos ou Marquinhos, il a du caractère. On le voit avec le changement de système. Nous, les coachs qui analysons les matchs, on peut déjà apercevoir des changements par rapport à Messi, Neymar ou Mbappé. On voyait déjà qu’à Paris il fallait jouer avec trois défenseurs, Christophe Galtier arrive et il change, il a les épaules.

Propos recueillis par Clément Brossard



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