ENQUÊTE RMC SPORT (Episode 1/2) – Encore une fois, un Classique du championnat entre l’OM et le PSG se déroulera dans un stade plein sans supporters adverses. Comme depuis 2015, les fans parisiens sont interdits d’accès à Marseille par un arrêté du ministère de l’Intérieur. Ce match n’est pas une exception puisque les arrêtés émis par les Préfectures se multiplient en France. A un an des Jeux olympiques, la gestion des supporters sur le territoire inquiète.  Notre épisode 1 se concentre justement sur les déplacements de supporters pour les Classiques.

Pour tous les Classiques de la Ligue 1 entre l’Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain (ou inversement), l’espoir est permis. Jusqu’au dernier moment, les supporters des deux équipes espèrent faire le déplacement à Paris ou à Marseille afin d’assister à cette rencontre unique dans une saison. Encore plus ce dimanche, quand le choc peut déboucher sur des conséquences sportives importantes

Pourtant, le parcage visiteur du Vélodrome ne sera pas rempli de Parisiens. Comme en octobre à Paris, où les supporters de l’OM avaient été interdits de déplacement, cette vitrine de notre Ligue 1 pose des questions sur la gestion des supporters en France. La multiplicité des arrêtés émis par les Préfectures n’aide pas les forces de l’ordre à préparer les grands événements prévus en 2023 et 2024 sur le territoire français.

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« D’importants risques de troubles à l’ordre public » 

Trois Classiques en une saison, c’est une vraie particularité. Pourtant, aucun des trois matchs n’accueillera des supporters visiteurs. C’est devenu une habitude pour les supporters marseillais et parisiens. Les Parisiens n’ont pas vu Marseille depuis 2015. Les Marseillais n’ont pas vu Paris depuis 2018. Et d’après nos informations, ça ne devrait pas changer.

Dans une lettre adressée à Philippe Diallo, président par intérim de la FFF, en date du 22 février, que RMC Sport s’est procurée, le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur garde la ligne de conduite mise en place depuis plusieurs années sur ce match. Alexandre Brugère pointe du doigt « d’importants risques de troubles à l’ordre public, en contradiction avec tout esprit sportif » lors de cette rencontre entre l’OM et le PSG. La conséquence de cette lettre est simple : un arrêté du ministre de l’Intérieur interdisant, à l’occasion de cette rencontre, le déplacement des supporters du Paris Saint-Germain. Les fans de la capitale qui ne souhaiteraient pas respecter cet arrêté encourent une peine de six mois d’emprisonnement, 30.000 euros d’amende et une peine complémentaire d’interdiction de stade. Assez costaud.

Et ces arrêtés sont rarement bravés par les supporters. « On détecte quelques supporters parisiens par exemple au Vélodrome pour un classique comme ce dimanche soir, globalement, la règle est respectée », admet un policier. Mais alors comment est réalisée un constat aussi net du ministère de l’Intérieur ? « Le renseignement fonctionne, on peut dresser un constat assez clair de la situation, et même si le sportif ne doit pas entrer en compte, la situation tendue entre le PSG et l’OM au classement n’aide pas », complète ce policier présent dans l’entourage du Parc des Princes.

Que ça soit à Paris ou à Marseille, les actes administratifs émis autour d’un Classique sont sensiblement les mêmes. Les supporters de l’OM ou du PSG rappellent souvent, au fil de discussions, les événements d’octobre 2009, avec le match annulé au dernier moment en raison de la découverte d’un troisième cas de grippe H1N1 dans le groupe du PSG. Une décision tardive avec des lourdes conséquences. Pendant plusieurs heures, des échauffourées avaient éclaté dans le quartier du Vieux Port et vers la Gare Saint Charles à Marseille. 14 ans après, les autorités gardent ce souvenir en tête. Les supporters, eux, veulent tourner la page. « Cela s’est passé il y a plus de 10 ans, concède un fan parisien. Nous, on veut juste aller dans les stades et soutenir notre équipe. On tombe toujours contre un mur. »

Après Lyon, pourquoi ne pas organiser un nouveau test? 

Ce dimanche soir, l’ambiance sera donc à sens unique dans les travées du Vélodrome. De nombreux supporters parisiens interrogés répètent pourtant que « Marseille est le premier déplacement qu’ils aimeraient faire dans une saison. » Tous complètent leurs propos avec une idée. Réaliser un premier test de déplacement de supporters lors d’un classique en s’appuyant sur l’exemple des fans lyonnais présents en octobre au stade Vélodrome. « Le retour des supporters parisiens ou marseillais dans un parcage passera obligatoirement par un premier test qu’ils devront accepter », tempère un responsable policier. « Oui, on retient les interdictions de déplacement, mais les deux Préfectures de Police tentent de sortir de ce système d’interdiction systématique », explique une source policière à RMC Sport. 

C’est dans ce sens, et après cinq ans d’interdiction, qu’en octobre 2022, 200 supporters de l’Olympique Lyonnais avaient été autorisés à Marseille pour le choc entre l’OM et l’OL. Aucun débordement à signaler mais des moyens conséquents mobilisés. L’idée des nombreux supporters parisiens sondés pour ce sujet est donc d’organiser un déplacement test de 600 à 1.000 fans pour une rencontre entre l’OM et le PSG. Un test grandeur nature. « Je ne comprends pas que nos forces de l’ordre ne soient pas capables de gérer 1.000 ou 2.000 supporters, alors qu’en Angleterre par exemple ou en Allemagne de gros déplacement de supporters se passent très bien », explique un fan du PSG.

Un argument avec lequel ce policier de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme n’est pas d’accord. Au contraire, ils sont en première ligne et ils sont prêts à organiser les déplacements. « Ce n’est pas la mer à boire de faire des déplacements de supporters avec 200 ou 300 individus, explique un policier souvent détaché auprès de la DNLH pour des rencontres dans le sud de la France. On peut encadrer 200 supporters d’un point A à un point B avec les clubs qui mettraient aussi leurs moyens de sécurité. On ne peut pas continuer comme ça, ils sont en train de tuer le football et le supportérisme. J’espère vraiment qu’un jour les supporters marseillais et parisiens pourront de nouveau assister à des Classiques à l’extérieur ». Et d’ajouter : « Ce sont des décisions politiques, tout le monde le sait. C’est dommageable. » 

Les policiers fortement mobilisés lors de grèves

Les policiers marseillais ont organisé cette saison le déplacement des 1.600 supporters anglais de Tottenham en Ligue des Champions ou encore les nombreux fans de Francfort début septembre, un exemple d’organisation qui montre que tout est possible. Un autre policier nuance ces propos et met en avant la sécurité importante autour des manifestations sur la réforme des retraites. « C’est impossible en ce moment, nous sommes beaucoup trop mobilisés, ça demande une organisation totalement dingue et beaucoup d’unités pour 1.000 personnes à Marseille ». « Il n’y a pas de politique de gestion du supportérisme en France, complète un membre de la DNLH. C’est donc la répression collective qui prévaut avec des Préfets qui ont les pleins pouvoirs et une difficulté dans le dialogue. » 

« Cette idée de test a été proposée il y a quelques années, une fois par la Préfecture parisienne et une fois par la Préfecture des Bouches-du-Rhône, explique Kilian Valentin, porte-parole de l’association nationale des supporters. Mais c’était hyper limité et contraignant pour les groupes de supporters. Ils avaient refusé de s’y rendre, ça excluait des supporters qui voulaient se rendre soit à Paris, soit à Marseille pour le déplacement et du coup les groupes de supporters s’étaient prononcés en disant qu’ils n’iraient pas parce que en effet, le nombre était limité par rapport à la capacité du parcage. Donc ça a été proposé mais ça aurait dû se faire d’une autre façon, plus ça avance, plus c’est compliqué. Les arrêtés préfectoraux se multiplient avec des justifications qui n’ont aucun sens. Ça ne va pas en s’arrangeant malheureusement. » Kilian admet quand même que si ça peut « permettre d’avancer dans le bon sens », il faut tenter l’expérience. L’ANS sait dialoguer, c’est d’ailleurs son maitre mot. 

On a donc posé la question à un ancien responsable du renseignement qui a vu un bon nombre de cortège de supporters dans sa carrière : “Oui, on peut le faire, si on veut 1000 supporters parisiens à Marseille, je pense que ça mérite le même nombre de forces de l’ordre que Francfort. C’est un vrai dispositif, souvent exceptionnel, mais avec de l’organisation, du dialogue avec l’ensemble des parties prenantes, et je dis bien l’ensemble avec tous les groupes de supporters, c’est faisable”. Au total, ils étaient 1.200 fonctionnaires de police sur le terrain lors du match OM / Francfort en septembre pour 3.300 supporters allemands.

Aucun changement pour le Classique avant les JO ?

En 2018, lorsque la Préfecture de Police de Paris avait autorisé le déplacement de 400 fans marseillais au Parc des Princes, des sièges avaient été cassés et des sanitaires vandalisés. Cette séquence, sans violence entre les deux parties, traine encore dans un coin de la tête des fonctionnaires parisiens. « Plus on avance, plus une belle surprise arrivera », confie un supporter parisien. Pas si sûr ! Avec l’organisation en France de la Coupe du Monde de rugby 2023 en septembre et octobre puis avec les Jeux Olympiques 2024 à Paris, les deux Classiques de la saison 2023-2024 devraient se faire sans supporters adverses. Plusieurs explications sont avancées par des proches du dossier. 

Le premier Classique de la saison est souvent programmé en octobre. Avec la Coupe du Monde 2023 de rugby sur le territoire français, l’utilisation des forces de l’ordre, des unités mobiles pour la sécurisation de l’événement « sera totale ». La mobilisation des policiers et des gendarmes mobiles pour la sécurisation d’un déplacement de supporters, dans un match considéré « à haut risque », ne sera donc pas la priorité. Une autre explication est mise en avant. « Est-ce que vous pensez qu’une autorité politique, en pleine année des JO, et après le fiasco du stade de France, prendra le risque d’autoriser le déplacement des supporters marseillais ou des parisiens en Ligue 1 avec le risque de débordements et de toutes les polémiques qui peuvent s’ensuivre ? Si un politique fait ça, il est très courageux ! », questionne un responsable policier parisien. Tous les responsables policiers interrogés répètent qu’”un jour” les fans marseillais et parisiens “seront de retour” dans le parcage pour un Classique de notre championnat. Sans avoir de date précise. 

>>> retrouvez le deuxième volet de notre enquête, consacré à la gestion des déplacements de supporters par les Préfectures



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