Epinglé dans un sujet de l’émission Complément d’enquête diffusé ce jeudi, l’Olympique Lyonnais a tenu à se défendre face aux critiques sur ses déplacements en avion ou en car plutôt qu’en train. Contacté par RMC Sport, le club rhodanien a tenu à rappeler son engagement en faveur de l’écologie… malgré des voyages pas toujours très verts.
L’OL se met au vert… mais pas trop quand même. Que les supporters du club présidé par Jean-Michel Aulas se rassurent, il ne s’agit pas d’un hommage au rival stéphanois mais bien d’une volonté d’améliorer son empreinte écologique. Quelques mois après la polémique du char à voile avec Christophe Galtier au PSG, les Gones sont épinglés ce jeudi par l’émission Complément d’enquête pour leurs déplacements en avion cette saison en Ligue 1.
Après les déboires du PSG concernant sa vision de l’environnement, Lyon avait rapidement exprimé sa volonté de réduire sa facture carbone. En vain: à l’image du trajet vers Lille pour le duel inaugural de la 27e journée de Ligue 1 ce vendredi, l’OL a souvent pris l’avion. Le club a longtemps imaginé réaliser le voyage en train (un peu plus de 3h) mais là, comme dans beaucoup d’autres cas, l’avion privé l’a encore emporté Et pour des déplacements plus proches, le plus court et le plus « souple » des moyens de déplacement s’avère être le car.
Des délais de réservations impossibles à tenir
Sur le papier, l’équation écologique se résout à la vitesse d’une rame TGV: Lyon-Paris se fait en deux heures alors que le voyage Lyon-Marseille dure 1h40. Mais de la vision sur le papier à la mise en pratique, cela va un peu plus lentement. L’organisation s’avère plus complexe.
« Il faut réserver le wagon trois mois en amont quand la date définitive des matchs est parfois connue seulement trois semaines avant, au mieux, explique Florent Deligia, le directeur de la communication de l’OL, pour RMC Sport. Or, dans ce délai, c’est impossible de connaître la programmation télévisuelle du match. »
Il s’agit là de trains grand public pour lesquels la SNCF propose la « privatisation » d’une rame pour le groupe professionnel lyonnais. Ce qui correspond à une quarantaine de personnes au total.
« Sur cette rencontre (à Lille), nous avons longtemps échangé avec le SNCF autour de l’hypothèse d’un match le dimanche soir, ce qui nous paraissait logique, a poursuit le dirigeant de l’OL. Et donc, tout mettre en place pour le déplacement sur cet espace-temps donné avec départ le dimanche et retour le lundi. Malgré les bonnes volontés de la SNCF et de l’OL, nous avons été bloqués par les horaires proposés. »
Et Florent Deliglia d’ajouter: « De plus, nous avons appris le 24 février la programmation de ce match au… vendredi 10 mars, soit deux semaines en amont. Il est impossible de procéder à la réservation du train dans ce délai. Quant à l’organisation de trains spéciaux, la formule à ce jour n’est pas proposée par la SNCF. » Sans compter que la facture finale s’avère en TGV, doublée par rapport à l’avion. Un facteur financier non-négligeable au moment des bilans comptables.
Complément d’enquête a voulu « savoir si la polémique du char à voile avait eu un effet sur la Ligue 1 »
Du côté de Complément d’enquête, une étude approfondie des 20 clubs de Ligue1 a permis de montrer que 80% des déplacements avaient encore été réalisés en jet privé sur la première moitié de la saison 2022-2023. Une réalité bien éloignée des beaux discours suite à la polémique du char à voile autour du PSG et la volonté de réduire l’emprente carbone des déplacements. Pour l’OL, c’est notamment le voyage à Marseille (OM-OL le 6 novembre 2022) qui est épinglé avec deux jets affrétés pour l’occasion, alors que le car du club ayant seulement servi à transporter du matériel.
« Deux choses nous ont amené à nous intéresser à Lyon. D’une part l’engagement qu’avait eu Jean-Michel Aulas au début de la saison, sur le fait de s’engager autant que possible à privilégier le train ou le car. Pourquoi il fait cette déclaration? Parce qu’il y eu cette polémique autour du PSG, assène Julien Cholin, reporter pour l’émission du service public, auprès de BFM Lyon en marge de l’a diffusion de son reportage ce jeudi. Jean-Michel Aulas s’était positionné en parallèle de cette polémique en disant ‘peut-être que nous’, même plus que peut-être en disant ‘on va faire un effort cette année’. Nous on a voulu savoir si cette polémique avait eu un effet sur la Ligue 1. […] La deuxième chose que l’on a voulu voir, c’est finalement à l’échelle de la Ligue 1, est-ce qu’il y a eu une différence entre avant et après la polémique. »
L’incertitude du calendrier de la Coupe de France
Toujours pour BFM Lyon, Julien Cholin explique que certains facteurs liés au calendrier ou encore à la situation géographique des clubs n’a pas permis de faire un listing au cas par cas. Car un club comme Ajaccio n’affiche pas les mêmes contraintes initiales que d’autres, qui seraient facilement reliés au reste de la France en train.
En raison de son planning déchargé de la Coupe d’Europe et de nombreux matchs en semaine, l’OL aurait probablement pu s’organiser. Là encore le club rhodanien a tenu à éclaircir sa position. Notamment sur cette seconde partie de saison avec son parcours en Coupe de France qui ajoute des matchs en milieu de semaine: « Pour le voyage à Paris, programmé le dimanche 2 avril depuis longtemps certes, il reste une interrogation qui entre en ligne de compte: la présence d’une demi-finale de Coupe de France le mercredi qui suit le match », rappelle Florent Deligia.
Certes, elle s’inscrit en noir et blanc sur le calendrier des compétitions en début de saison. Mais la présence à ce niveau de la compétition reste liée au parcours et à la qualification acquise lors du quart de finale disputé le 28 février et le tirage au sort du 2 mars.
« Comment anticiper, deux mois à l’avance tout cela, interroge encore le responsable de la communication lyonnaise. Impossible. Et au final, en terme de récupération des joueurs entre deux matches espacés de 72 heures, il n’est pas tenable de faire Lyon-Paris puis Paris-Lyon en train suivi d’un Lyon-Nantes et Nantes-Lyon, en train entre le dimanche et le jeudi. »
Quant à l’idée de faire Lyon-Paris, puis Paris-Nantes, se pose alors la question des infrastructures, « hors les murs du centre d’entraînement de Décines » pour se préparer. Sans compter une troisième rencontre le week-end suivant face à Rennes. Une rencontre pas encore programmée lors du week-end du 9 avril.
Quid de la sécurité des joueurs dans les gares?
Ensuite, il y a la question de la sécurité des joueurs dans les espaces publics que sont les gares. Si les déplacements en train sont envisagés, cela suppose une grosse organisation logistique avec les pouvoirs publics. Doit-on paralyser la gare le temps de l’arrivée des joueurs? Quelle sécurité leur accorder au milieu des gens? Faut-il mobiliser des unités de police ou de gendarmerie?
« Quand on voit les préfets interdire le déplacement des supporters à Marseille, on n’imagine pas une seconde qu’il puisse accepter de faire déambuler, même quelques minutes seulement, l’OL dans la gare Saint-Charles alors que le bus essuie régulièrement des jets de pierres à son arrivée au Vélodrome », cite une source policière pour RMC Sport.
Une problématique sécuritaire que semble comprendre Julien Cholin même si l’OL peut avoir le sentiment que ses justifications autour de l’Olympico n’ont pas été prise en compte.
« Cela renvoie sur la question des alternatives, répond le journaliste de Complément d’enquête. Une des alternatives au tout début de cette enquête. On était juste après le char à voile gate. La SNCF nous disait offrir d’autres solutions. On nous disait que c’était compliqué de voir Lionel Messi à la gare Montparnasse mais que l’on pouvait aller chercher les joueurs à Poissy. C’est vrai que le train offre des solutions. Est-ce qu’à Marseille il n’était pas possible de livrer les joueurs à la gare de La Blancarde qui est un peu plus excentrée et peut-être plus facile à sécuriser. Je ne sais pas et d’autre part, il cela s’est heurté à la question du prix. 100 000 euros selon l’OL pour privatiser un train alors que c’est 30 000 euros pour un jet. »
La solution la plus souple pour éviter l’avion: le car
Il faut donc converger vers le meilleur compromis entre sécurité, soucis de l’environnement, coût mais aussi protection de la santé physique des joueurs, élément important à prendre en compte puisqu’il s’agit de sportifs. Cela ne se décrète pas en quelques jours. Et le club cherche.
« Nous voulons trouver des solutions, assure la communication de l’OL. Nous avons travaillé sur ces déplacements (Paris et Lille) en train, mais les contraintes détaillées nous limitent dans notre volonté. D’ailleurs, cette année, les déplacements à Auxerre et Montpellier se sont faits en cars, comme celui de Clermont. C’est la solution la plus souple pour les équipes, avec des heures de départ et d’arrivée sans contrainte. Clubs et la Ligue, nous devons travailler ensemble pour faire avancer les choses. Nous serons moteur dans ces initiatives. »
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