Une plongée dans l’inconnue. Avec la Coupe du Monde 2022 à partir du 21 novembre, le football français va vivre une saison particulière avec une coupure en plein milieu de son exercice. RMC Sport est parti à la rencontre des acteurs de cette préparation pour essayer de comprendre l’impact de ces 44 jours d’arrêt du championnat et d’un Boxing Day programmé fin décembre, une première.
« Au lieu d’avoir un examen cette saison, je vais en avoir deux », lâche Yvan Bourgis, préparateur physique du Stade Brestois. La saison de Ligue 1 qui débute le 5 août va être longue, très longue, en s’étirant jusqu’au 3 juin 2023. Le championnat sera coupé en deux, 15 journées jusqu’au 13 novembre avant une coupure de 44 jours jusqu’au 28 décembre. Autres nouveautés: un Boxing Day et quatre descentes en Ligue 2, cette saison 2022-2023 est unique.
Une préparation modifiée ?
Depuis plusieurs semaines, les clubs de l’élite ont repris le chemin de l’entraînement. Sans expérience des saisons passées, les préparateurs physiques des écuries du championnat s’adaptent. Ces spécialistes de la performance ont souvent décidé d’une intensité moins élevée pour permettre aux joueurs d’avoir du gaz assez rapidement dès le début de la saison. Dans certains clubs, l’utilisation du ballon est aussi arrivée plus rapidement que les autres années. En revanche, les préparations ne sont pas moins ardues que les exercices précédents.
Du côté de Brest, sans compétition européenne, le début de saison apparaît plus libre avec des zones du calendrier propices à une meilleure récupération. « La deuxième préparation de novembre sera sûrement conditionnée par la première, explique Yvan Bourgis. Notre première partie de saison est plus linéaire avec un match par semaine avec une trêve. Les temps de récupération sont assez conséquents. En théorie tous se passe bien. On appréhende ça comme deux préparations. Avec une deuxième préparation qui sera plus courte et plus rapide. Elle permettra de gérer les déficits individuels des joueurs. »
Ce constat diffère dans un club qui joue la Ligue des Champions. Du côté de l’OM, cette concentration de matchs dès le début de la saison entraîne une vision du mercato totalement différente. « Cette saison est particulière avec le mois de novembre, explique Pablo Longoria, président de l’OM. Cela change la planification. Du 7 août jusqu’au 2 novembre, il y aura beaucoup de matches. C’est pour ça qu’il sera important d’avoir des profils différents. On va jouer tous les trois jours. » Pour le moment, le mercato dans sa globalité ne subit pas une modification profonde due à cette trêve. Même si la plupart des mouvements importants ont été effectués en début de période des transferts.
Comment gérer la deuxième trêve ?
Certains acteurs du championnat sont plus habitués que d’autres avec cette coupure en plein exercice. « Ce n’est pas une nouveauté pour moi, glisse Paulo Fonseca, nouvel entraîneur du LOSC. Quand j’étais en poste au Shakhtar, le championnat était arrêté au mois de décembre avec une reprise en février. Ça va être assez facile à gérer, je n’ai aucune inquiétude à ce sujet. » Le 13 novembre, après la quinzième journée de Ligue 1, les internationaux se rendront au Qatar avec leur sélection pour au minimum deux semaines. Pendant cette trêve, les clubs vont donc surtout devoir gérer les joueurs qui ne sont pas en sélection.
La plupart des équipes ont déjà décidé de laisser 15 jours de repos à l’ensemble des effectifs avant d’attaquer sur une nouvelle préparation pour la reprise de la Ligue 1. « C’est un aspect inhabituel, ça nous amène à repenser la saison, indique Yvan Bourgis. Il faut appréhender de manière différente cette saison. On va avoir deux saisons en une. De notre côté, on a décidé de laisser 15 jours de repos aux joueurs et d’enchaîner avec 3 à 4 semaines de préparation en novembre, avec un stage, histoire de repartir de plus belle sur cette deuxième partie de la saison. Elle sera plus agressive avec beaucoup de matchs rapprochés et surtout plus dense que la première moitié. » Les préparateurs physiques, en lien avec les staffs médicaux des équipes, souhaitent surtout surveiller l’état des joueurs au soir de la première partie de championnat. Si cette saison interminable a vraiment un impact sur l’état physique des joueurs et sur leur mental, les résultats seront visibles au terme de cette saison ou lors de la prochaine préparation de juillet 2023.
« Une régulation pour la seconde partie »
« La deuxième partie de saison est longue. Elle s’étale de décembre à juin. Je pense que psychologiquement, la coupure fera du bien, poursuit le préparateur physique de Brest. C’est inhabituel, c’est la découverte pour tout le monde. Les joueurs demandent un peu comment ça va se dérouler. Ils souhaitent optimiser leur temps pour se ressourcer comme une deuxième partie des vacances. Le footballeur a souvent l’habitude d’avoir une grosse partie de vacances en été et à Noël. Noël, pour cette année, ils peuvent oublier. C’est particulier. »
La coupure de novembre est une coupure assez courte. Les préparateurs physiques ne s’inquiètent pas du maintien des acquis chez les joueurs. Cette période permettra aussi aux équipes de récupérer des joueurs blessés. « C’est une particularité mais c’est sûrement une chance, confie le responsable de la performance du Stade de Reims, Nicolas Bouriette. On a la chance de bien se préparer pour les quinze premières journées de championnat. Et ensuite d’avoir un autre temps pour bien préparer les 23 restantes. On peut faire un premier bloc de saison, voir où nous en sommes, et une régulation pour la seconde partie de saison. Sur un schéma traditionnel de préparation, c’est un marathon. Il y avait seulement de la régulation permanente de week-end en week-end. »
Le retour à la réalité peut faire mal
« Les clubs n’ont pas trop le choix, ils ont l’obligation de bien démarrer le championnat, encore plus pour les clubs avec moins de marge, explique pour RMC, Alexandre Marles, ancien préparateur des Bleus, du PSG et de l’OL. Il faut très vite prendre des points. C’est plus l’après Coupe du Monde qui m’interpelle. Aller au Qatar, jouer en ambiance chaude, ça ne posera aucun problème. Ils vont jouer au chaud, c’est très bien. C’est plus le retour, retrouver des terrains durs, le froid, plus de difficultés de préparation et de récupération. »
De son côté, Florian Sotoca, l’attaquant de Lens, n’appréhende pas du tout cette trêve en plein milieu de la saison. « C’est la première fois que cela arrive, après c’est pour tout le monde pareil, affirme l’attaquant. On est dans la découverte. On va devoir refaire une préparation début décembre parce qu’on se sera arrêtés 15 jours. C’est une année particulière mais qu’on n’appréhende pas. On ne se prend pas la tête avec ça. »
Au final, un joueur qui sera sélectionné pour la Coupe du monde et qui jouera une compétition européenne avec son club pourrait dépasser la soixantaine de matchs sur l’ensemble de l’exercice de manière compacte. C’est-à-dire sans préparation spécifique pour le Mondial. L’ensemble des préparateurs physiques interrogés se disent « conscients de la pression » qui entoure leur profession avant cette nouvelle saison. « C’est un challenge un peu excitant », termine Yvan Bourgis.
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