Laurent Lairy a annoncé dans le cadre du projet « Actions et Vérités: cap 2025 » vouloir rouvrir le centre de formation du Stade lavallois dès la saison prochaine. Le président demande une participation « symbolique » des familles pour y faire entrer leur enfant. Un principe totalement nouveau » dans le paysage du football français qui interroge.
C’est du jamais vu en France. Laurent Lairy, président du Stade lavallois en Ligue 2, a déclaré lundi, en conférence de presse, vouloir rouvrir le centre de formation du club dès la saison prochaine. Il souhaite pour cela demander une participation financière aux familles des futurs jeunes admis. « J’ai la conviction que tout ce qui est gratuit n’a pas de valeur dans la formation professionnelle, a-t-il déclaré. Je souhaite, sous une forme ou sous une autre, qui n’est pas encore décidée, qu’il y ait une participation des parents ou de l’environnement du joueur à la formation professionnelle dispensée au jeune. »
Un principe d’entrée payante « totalement nouveau » qu’aucun des 35 centres de formations de l’hexagone n’a jamais entrepris, eux qui prennent tout en charge.
La réouverture du centre, fermé depuis 2019 après la descente en National, permettrait d’accueillir 30 jeunes répartis dans les catégories U17 et U19, pour un budget total estimé à un million d’euros – soit 35.000 euros par joueur. Laurent Lairy pense trouver une quinzaine de joueurs au sein des équipes jeunes de l’association du Stade lavallois, notamment chez ses U17 et U19 nationaux. « Je préfère faire de la qualité à de la quantité, ajoute le dirigeant. Probablement que sur les 30 jeunes, la moitié est au sein du club et va passer de l’association au centre de formation. Le Stade lavallois continue de former et fait du bon travail. Ce projet c’est une reconnaissance du travail des gens. »
Des montants plutôt cohérents
Le directeur du centre de formation d’un autre club de Ligue 2, qui a voulu rester anonyme, est heureux d’apprendre la volonté de réouverture du centre: « C’est un club qui a un gros passé chez les pros et qui y est revenu. Il était aussi reconnu pour sa formation. Je comprends que le président veuille rouvrir son centre, c’est une très bonne chose. »
Côté financier, les chiffres avancés par Laurent Lairy pour le moment ne semblent pas incohérents selon lui: « Je ne suis pas choqué puisque notre budget est de 2 millions d’euros pour soixante jeunes. »
Ce directeur précise également que le coût de l’internat pour un jeune de la section sportive du club, pas encore au centre de formation, est de 1.500 à 2.000 euros à l’année, soit la somme proposée par Laurent Lairy: « Si un club transforme par exemple cette section en centre de formation, la somme était déjà mise par les parents. Des clubs prennent même en charge le montant de leur section sportive. »
Il reste cependant circonspect quant à cette formule totalement inédite en France: « C’est quelque chose que je n’ai jamais entendu. On n’a pas de recul, ça ne s’est pas fait ailleurs. Je pense que c’est ouvrir une porte qui ne me paraît pas être idéale en termes d’éthique. Je sais que chez moi ça serait compliqué de le mettre en place. »
Un risque de fuite des talents
Le directeur d’un centre de formation de Ligue 1, qui a lui aussi préféré garder l’anonymat, ne comprend pas la démarche. Il y a selon lui un risque de fuite des talents: « Pour moi, c’est un président qui veut faire des économies, qui veut faire une Académie un peu privée de football comme quand on rentre dans une école privée pour payer sa formation sportive et scolaire. Ce n’est pas en faisant payer les familles que vous allez recruter les meilleurs profils potentiels, il y a une concurrence importante, les très bons joueurs, il ne les aura pas. »
Avec 5% demandés par joueur, la somme économisée sur 30 jeunes serait ainsi comprise entre 45.000 et 60.000 euros. Là encore, ce directeur expérimenté des centres de formation de Ligue 1 est surpris: « Si ça peut lui payer un ou deux surveillants mais bon il y a des charges importantes, les diplômes, il faut deux formateurs à temps plein, un autre entraîneur avec le DES, une organisation au niveau de l’internat… Ça ne représente vraiment pas grand-chose dans le budget. C’est un drôle raisonnement pour si peu. »
Cette demande « symbolique » de Laurent Lairy pourrait amener des jeunes à se diriger vers d’autres centres de la région, où la gratuité de l’encadrement est de vigueur. Le directeur met en garde sur la future sélection des jeunes: « Prendre un bon joueur avec ces frais là, il te rapporterait beaucoup plus s’il réussit… Est-ce qu’ils vont le faire pour tout le monde? Est-ce que lorsqu’ils auront un bon gamin en vue, que Rennes est dessus mais qu’il veut venir à Laval, on lui fait payer les 2.000 euros? Je ne vois pas l’utilité. Si les parents paient, ils ont intérêt de donner ce qu’il faut au centre de formation. »
Une étude toujours en cours
Ce projet de participation symbolique est toujours en cours de réflexion au sein du club lavallois. Les premiers chiffres avancés ne sont pour l’heure qu’une estimation de la part du président. « Nous sommes en train de finir le budget de cette réouverture du centre. Je ne le réouvre qu’au mois de juillet. On va commencer le recrutement d’ici avril-mai, je n’aurai défini un montant que dans quelques semaines. Je n’ai pas encore le coût réel », a-t-il précisé.
Côté sélection des jeunes talents, le club « accueillera les jeunes sur dossier, d’abord de savoir-être, ensuite sur détection de savoir-faire ». Et pour ce qui est de la somme demandée, le président est ouvert à « des possibilités pour aider ce coût », avec notamment « des quotients familiaux qu’on peut tout à fait étudier ».
Sur la question d’une crainte que pourraient avoir les familles des jeunes joueurs, notamment ceux déjà licenciés au sein de l’association et possibles prétendants au futur centre, le président compte nouer le dialogue: « Je n’ai peur de rien. Je rencontrerai les parents au Stade lavallois pour leur expliquer. On trouvera des solutions pour que les gens qui sont dans l’ADN de notre projet le comprennent et nous accompagnent. C’est un projet de long-terme. »
Ce projet de réouverture du centre de formation coïncide toutefois avec la volonté du club de se maintenir en Ligue 2. Dans son plan « Remonter, rester, revenir », Laurent Lairy a pour l’instant coché la première case grâce au titre de National 1 l’an passé. À 12 journées de la fin du championnat, le président lavallois reste optimiste. « Il y a un risque et je l’assume. J’estime aujourd’hui qu’on est dans une phase de rester en Ligue 2. » Laval est actuellement 15e de Ligue 2, à cinq points de Dijon qui est 17e et premier relégable.
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